Les auteurs disent non aux cotisations syndicales de l'UNEQ

S’ils ont rejeté mercredi soir la proposition de leur syndicat d’imposer une cotisation à l’ensemble des auteurs, les membres de l’UNEQ ont toutefois donné leur aval à la vente de la Maison des écrivains.
Valérian Mazataud Le Devoir S’ils ont rejeté mercredi soir la proposition de leur syndicat d’imposer une cotisation à l’ensemble des auteurs, les membres de l’UNEQ ont toutefois donné leur aval à la vente de la Maison des écrivains.

À l’issue d’une assemblée virtuelle tantôt confuse, tantôt tendue, les membres de l’Union des écrivaines et des écrivains du Québec (UNEQ) ont rejeté mercredi soir la proposition de leur syndicat d’imposer une cotisation à l’ensemble des auteurs. Ils ont toutefois donné leur aval à la vente de la Maison des écrivains, mais par une très mince majorité.

Ce n’est que peu après 22 h, après près de cinq heures de débats, que les auteurs présents ont enfin pu commencer à voter sur la première résolution, qui portait sur l’épineuse question des cotisations syndicales, et qui a fait couler beaucoup d’encre dans les derniers mois. Le vote électronique a été marqué par plusieurs ratés, semant la confusion. À quelques reprises, des membres ont même demandé d’ajourner l’assemblée, qui traînait en longueur, ce qui faisait rejaillir des tensions.

Les résultats ont finalement été connus en toute fin de soirée. Le projet de l’UNEQ, qui souhaitait percevoir des cotisations à l’ensemble des contrats d’édition au Québec, a été rejeté par près de 56 % des votants.

Un nombre historiquement élevé de membres se sont prononcés durant cette assemblée. Lors de l’ouverture, ils étaient environ 550 à être en ligne. Au fil de la soirée, plusieurs ont cependant quitté la réunion, qui s’est terminée un peu avant minuit.

Par ailleurs, les auteurs présents ont aussi eu à trancher du sort de la Maison des écrivains. In fine, 189 participants ont accepté que l’UNEQ liquide son siège social historique, contre 175 qui s’y sont opposés. Quelques membres se sont plaints de ne pas avoir pu voter à cause d’un problème technique, remettant en cause au passage la légitimité du processus. La maison ne sera cependant pas officiellement sur le marché avant septembre 2024. Le syndicat s’est donné 18 mois pour trouver un nouvel acquéreur qui s’engage à garder une vocation littéraire à ce lieu.

La fin d’une longue saga ?

Rappelons que cette assemblée générale extraordinaire a été rendue nécessaire après que l’UNEQ soit revenue sur son choix d’imposer une cotisation de 2,5 % sur les revenus de ses membres, et de 5 % à ses non-membres. Cette décision, prise lors d’une première assemblée générale en juin, avait soulevé l’ire dans le milieu littéraire. Plusieurs reprochaient à l’UNEQ d’avoir agi en catimini, alors qu’à peine 46 personnes avaient participé au vote, soit bien en deçà des 1600 membres que comptait à l’époque l’UNEQ.

Au coeur de la tourmente, l’UNEQ avait fait marche arrière à la fin décembre, car il s’est avéré que le vote sur les cotisations n’apparaissait même pas dans l’ordre du jour que les membres avaient reçu au préalable.

Malgré son mea culpa, le syndicat n’était pas au bout de ses peines. En janvier, il s’est de nouveau retrouvé sur la sellette, cette fois pour la décision unilatérale de son conseil d’administration de vendre son siège social historique, la Maison des écrivains. L’UNEQ maintenait que la vente de la maison était nécessaire, en raison de la hausse des coûts d’entretiens, notamment. Mais d’anciens administrateurs de l’UNEQ et plusieurs auteurs de renom s’en étaient désolés, exprimant leur attachement à ce bâtiment ancestral du carré Saint-Louis, qui sert non seulement de siège social à l’UNEQ, mais également de lieu pour la promotion de la littérature.

Face à la pression, l’UNEQ avait fait demi-tour, acceptant que l’avenir de la Maison des écrivains soit soumis à un vote lors de l’assemblée générale extraordinaire. Mais tant sur la question de la vente de son siège social que celle des cotisations, l’UNEQ n’avait sur le fond pas changé sa position.

Elle proposait toujours mercredi à ses membres de se départir de la Maison des écrivains. Le syndicat s’engageait toutefois à respecter un moratoire d’un an et demi avant d’entamer le processus de vente. Le temps de trouver un nouvel acquéreur qui s’engage à poursuivre la mission littéraire de l’établissement.

Pour ce qui est des cotisations syndicales, l’UNEQ a mis en place un comité pour fixer les montants des futures cotisations. Mais après délibérations, la proposition est demeurée la même que ce qui avait été adopté en juin : 2,5 % pour les membres et 5 % pour les non-membres.

Tant la résolution sur la vente de la maison que celle sur l’imposition des cotisations ont été justifiées par l’UNEQ par la récente réforme du statut de l’artiste. La nouvelle loi mandate notamment le syndicat de négocier des conditions planchers pour les auteurs face aux associations d’éditeurs. Une véritable révolution dans le milieu de l’édition. Or, pour assumer sa nouvelle mission, l’UNEQ disait avoir besoin de nouveaux revenus, d’où la volonté de vendre la maison et de percevoir des cotisations.

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