Une nuit plus blanche que blanche pour Montréal en lumière

La Nuit blanche du festival Montréal en lumière en sera à sa 20e année d’existence, mais on pourrait aujourd’hui remettre le compteur à zéro : grâce aux démarches de l’organisation MTL 24/24, militant pour une véritable reconnaissance de la vie nocturne, ainsi qu’au projet pilote mené par la Ville de Montréal dans le cadre de sa future Politique de la vie nocturne, cette nuit sera enfin véritablement blanche, avec une multitude de propositions culturelles qui se dérouleront jusqu’au lever du soleil. Le premier à s’en réjouir est DJ Lexis, fondateur de l’événement Les 24 heures du vinyle, prévu samedi à la Société des arts technologiques (SAT).
« Notre événement a toujours eu la vocation » d’une nuit blanche, affirme Lexis, et elle s’en est tenue à celle-ci, même lorsqu’il fallait fermer la salle au public à 3 h ou à 6 h du matin, pour rouvrir les portes à 10 h le dimanche. Pas d’expulsion ce week-end : la nuit sera véritablement blanche, le public étant invité à assister à toutes les performances des amis DJ invités. « Ce sera la première fois qu’on pourra vivre l’événement “en présentiel”, comme un gros party d’amoureux du vinyle », à la SAT, qui a obtenu un permis spécial autorisant la vente d’alcool après 3 h du matin, pour le plaisir des danseurs.
Joie ! Plus besoin de rester scotché à l’écran d’ordinateur pour écouter la webdiffusion complète de l’événement. Le marathon musical verra défiler derrière les platines des artistes aux inclinations musicales aussi variées que DJ Mini (techno, avant-garde), Ellxandra (house, garage), GLOWZI (house, afrobeats, etc.), Kriss Guilty (omnivore du groove) ou l’Américaine Veronica Vasicka (de l’étiquette Minimal Wave, papesse du new beat et de l’électro industrielle), tous férus du format rond et noir.
Collectionneur de disques, DJ, créateur de la plateforme Music Is My Sanctuary et mélomane professionnel, DJ Lexis a démarré Les 24 heures du vinyle il y a une dizaine d’années pour « rendre hommage à tous ceux qui ont gardé vivante la culture du vinyle, avant la renaissance à laquelle on assiste aujourd’hui. Pendant une vingtaine d’années, le vinyle a continué à exister à travers les DJ et les collectionneurs ; aujourd’hui, cette communauté est devenue beaucoup plus large, des amateurs de tous milieux qui ont redécouvert le rituel de placer l’aiguille sur le disque et d’écouter de la musique ».
Une vie nocturne en santé
Écouter de la musique, à toute heure du jour ou de la nuit. C’est ce que les Montréalais pourront faire au MTelus (jusqu’à 6 h du matin, avec permis spécial de vente d’alcool) lors du party gratuit 20 ans de la Nuit blanche, durant lequel se produiront Choses Sauvages, Valaire, Claudia Bouvette, Kid Koala x Lealani, et mixeront les DJ Vincent Lemieux, Audrez Bélanger, SHADYA et Mr. Touré.
Ce dernier, qui sera également de service au Ausgang pour la soirée afrobeats Le Maquis (jusqu’à 6 h, avec permis spécial d’alcool et plein d’amis DJ), considère la Nuit blanche de demain comme une victoire : « Cette vraie première, c’est le fruit du travail de MTL 24/24 et du Conseil de nuit », dit Mr. Touré, qui a participé aux consultations menées par le Conseil. « C’est un beau symbole du changement des mentalités à propos de la vie nocturne, qui vit encore avec des préjugés. Le milieu de la nuit a beaucoup souffert de la pandémie, ça a provoqué beaucoup de réflexions sur son état ; on comprend mieux aujourd’hui l’importance d’avoir une vie nocturne en santé. »
Telle sera l’ampleur de cette nuit plus blanche que blanche, dont la désormais traditionnelle soirée Karnival, organisée par Poirier, deviendra maintenant le vestibule de la nuit puisque le Club Soda, où elle se déroulera, fermera à 3 h du matin ! « C’était effectivement très rare, autrefois, que des événements duraient toute la nuit à la Nuit blanche », indique aussi Poirier, en saluant l’ouverture historique de cette édition. « On va se donner à coeur joie ! » au Karnival, en compagnie de DJ Kyou, du rappeur Waahli et de la troupe de danse Uplift514. Les musiques carnavalesques antillaises seront à l’honneur — attendez-vous à danser notamment sur Hard Fete, du Trinidadien Bunji Garlin, sacrée mardi dernier la chanson la plus populaire du Carnaval de Port of Spain.
Pour meubler sa Nuit blanche
Regardez le soleil jusqu’à ce qu’il devienne un carré
Voilà une proposition hors de l’ordinaire : l’École nationale de théâtre du Canada propose une soirée de jeux vidéo (et d’expériences de réalité virtuelle et augmentée) sélectionnés en fonction de leur potentiel d’être « à la fois vecteurs de développement de l’empathie » et « axés sur le récit, l’écologie et la transformation sociale ». Ça changera de Fortnite… Au Monument-National, jusqu’à minuit.
Lido Pimienta au Belgo
L’autrice-compositrice-interprète torontoise d’origine colombienne, Prix de musique Polaris en 2017 pour La Papessa, sera des nôtres pour inaugurer à la galerie Patel Brown du Belgo l’exposition de ses oeuvres sur tissu The Fabric. The Anger. The River. Entre 21 h et 1 h du matin, Lido Pimienta offrira quatre brèves et intimistes performances musicales d’une quinzaine de minutes.
Les dix heures de poésie 2023
Ouvert à tous les poètes de la relève, le concours de poésie Antidote se déroulera cette année au Quai des brumes, rue Saint-Denis, devant un prestigieux panel de juges : Claudine Bertrand (Prix Ganzo de poésie), la rappeuse Calamine et l’icône Lucien Francoeur.
10+10 : la Nuit blanche au Centre Phi
Destination privilégiée des noctambules, le Centre Phi s’efforce chaque année d’ouvrir nos horizons culturels avec ses expositions et ses installations. Elles seront au nombre de trois : Horizons VR (sélection d’oeuvres de réalité virtuelle), Dernière minute, création d’Adrien M et de Claire B sur l’idée d’une dernière minute à vivre, et enfin la salle d’écoute immersive Habitat sonore.