Eve Côté vole de ses propres ailes

Eve Côté
Marie-France Coallier Le Devoir Eve Côté

Après avoir partagé la scène aux côtés de Marie-Lyne Joncas au sein des Grandes Crues, Eve Côté se sent fin prête pour se jeter seule dans l’arène. À 37 ans, après moult détours, la Gaspésienne à l’accent revendiqué présente enfin son premier one-woman-show : Côté Eve. Un spectacle qui se veut un miroir de la femme qu’elle est, la « girl next door » de région au franc-parler décomplexé, celle qui peut aussi bien être une grande crue qu’une fille touchante et intelligente.

Eve Côté l’assure : ceux qui ont aimé l’humour piquant, voire grivois, de son duo comique avec Marie-Lyne Joncas ne seront pas déconcertés. Mais elle précise tout de même avoir voulu explorer des zones où on ne l’a jusqu’ici pas encore vue. « Le personnage avec le verre de vin n’est pas là, mais on ne sort pas pour autant la grande crue de la fille ! On retrouve la grande crue dans toutes les histoires personnelles que je raconte. Ça parle beaucoup de mes origines, que je ne renie pas du tout. Oui, mon accent est évocateur, mais là, les gens vont vraiment comprendre d’où je viens », promet-elle.

De sa Gaspé natale, rien ne prédestinait Eve Côté à faire carrière un jour dans le milieu de l’humour. D’aussi loin qu’elle se souvienne, elle a toujours eu la conviction cependant que c’était sa vocation. Mais elle se l’est longtemps caché, entamant des études en enseignement des mathématiques, en communications, pour finalement aboutir en techniques policières.

Puis, son frère — de qui elle est très proche et qui cosigne d’ailleurs les textes de ce premier spectacle — perd l’usage de ses jambes dans un accident de motoneige. Pour Eve Côté, ce sera la révélation qu’on a qu’une seule vie à vivre.

Celle qui jusque-là se contentait de monter sur scène à Cégeps en spectacle est finalement acceptée à l’École nationale de l’humour en 2012 et part s’installer à Montréal. Un choc pour cette Gaspésienne au caractère bien trempé : « J’avais tendance à essayer de normaliser mon accent en arrivant. C’est Luc Senay [son professeur à l’École nationale] qui m’a dit d’arrêter ça. Il m’a fait comprendre que mon accent, c’était ça ma couleur, que c’était ce qui allait me permettre de me différencier. Depuis ce temps-là, je me suis bien sacrée de comment je parlais ou de quoi j’avais l’air. Je suis entièrement au service de l’humour. »

Femme humoriste en 2023

Depuis sa sortie de l’École, en 2014, Eve Côté n’a pas chômé, tellement qu’elle n’a eu de cesse de devoir repousser son projet de premier one-woman-show. On peut l’entendre entre autres le matin dans la région de Montréal sur les ondes de Rouge FM. Elle fut aussi la narratrice de la téléréalité À table avec mon ex à Noovo. Avec son personnage de célibataire éméchée, elle a parcouru le Québec avec Les Grandes Crues grâce à la tournée à succès Su’l gros vin jusqu’en décembre dernier.

La scène, c’est ce qu’Eve Côté préfère par-dessus tout. En 2016, elle a assuré la première partie de son idole, Lise Dion, qu’elle considère comme une pionnière pour toutes les femmes en humour.

« Je n’ai jamais senti qu’être une femme m’avait nui. Au contraire, je remarque qu’il y a une belle pousse de femmes en humour, dont je suis fière de faire partie. Mais je sais qu’il y a encore 10 ans, s’il y avait une fille sur un gala, c’était beau. Je sais que pour Lise [Dion] et Cathy [Gauthier], ça a été pas mal plus rough. Si je n’ai pas à me battre pour faire ma place en humour en tant que femme, c’est que d’autres se sont battues avant moi », conclut-elle avec reconnaissance pour ceux et celles qui l’ont précédée.

L’appel de la scène

Eve Côté a puisé dans l’histoire de l’humour pour concevoir ce spectacle. Elle raconte avoir lu sur La Poune, sur Ti-Gus et Ti-Mousse, et s’être replongée dans les vieux Bye bye de Dominique Michel. De quoi donner à son spectacle un côté cabaret. L’humoriste, qui sait chanter, promet même un numéro de performance au cours de la soirée. Un risque à une époque où le stand-up domine en humour. D’aucuns y verront également l’influence de Joël Legendre, qui assure la mise en scène de Côté Eve.

« J’ai tellement hâte ! Ça arrive à point parce que je suis forte de l’expérience des Grandes Crues. J’ai appris à nager et maintenant, je suis prête à aller me baigner dans un autre lac. À 20 ans, je ne suis pas sûre que j’aurais eu l’expérience nécessaire », croit la trentenaire, qui était habitée par un grand sentiment de fierté à quelques jours de la première.

Reste à voir maintenant si ce premier one-woman-show est un « grand cru ».

Eve Côté

À l’Olympia, le 31 janvier et le 1er février, et en tournée partout au Québec.

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