La vente de la Maison des écrivains sera soumise à un vote

Sur la sellette depuis des semaines, l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) remet finalement le sort de la Maison des écrivains entre les mains de ses membres.
Ces derniers seront conviés à se prononcer lors d’une assemblée générale extraordinaire le 29 mars prochain, où sera également traité l’épineux dossier des cotisations syndicales, qui avait fait couler beaucoup d’encre en décembre dernier.
Par voie de communiqué, l’UNEQ continue d’affirmer que la vente de son siège social historique du square Saint-Louis est nécessaire pour des raisons financières. Le conseil d’administration a d’ailleurs l’intention de faire valoir cette position à l’assemblée du 29 mars, qui se déroulera de manière virtuelle.
Mais après que plusieurs auteurs connus et d’anciens dirigeants de l’UNEQ eurent exprimé leur attachement à ce lieu dans les derniers jours, le CA est finalement revenu sur sa décision annoncée en décembre et s’en remettra finalement aux membres. C’est la deuxième fois en moins d’un mois que l’UNEQ change son fusil d’épaule, après sa volte-face concernant les cotisations syndicales.
En entrevue au Devoir, le directeur général Laurent Dubois a fait amende honorable et s’est dit conscient que l’UNEQ venait de passer à travers deux crises importantes coup sur coup. « Est-ce que notre crédibilité et notre légitimité ont été entachées ? Ce n’est pas à moi de le dire. Mais est-ce qu’il y a eu des difficultés de communication ? Je serais sourd et aveugle de dire que non. Ça montre qu’on a encore des efforts à faire pour obtenir l’adhésion de nos membres à nos décisions », a-t-il reconnu.
Laurent Dubois demeure cependant évasif sur ce qu’il adviendrait avec l’UNEQ si les membres votaient, malgré la volonté du CA, contre la vente de la Maison des écrivains. « Il est trop tôt pour présager ce qui va arriver. […] Mais c’est sûr qu’en fonction de la décision, il va y avoir différents chemins qui vont s’ouvrir, et chaque membre du conseil d’administration va prendre le chemin qu’il souhaite », a laissé savoir le directeur général de l’organisation.
L’UNEQ s’engage par ailleurs à respecter le choix que feront ses membres le 29 mars prochain.
Coûts en hausse, fréquentation en baisse
Le CA continue de plaider pour la vente de la Maison des écrivains, située au 3492, avenue Laval. L’UNEQ a déjà exprimé son intention de déménager dans les bureaux de l’Union des artistes, sur l’avenue de Gaspé, même si aucun bail n’est encore signé.
On indique que les coûts d’entretien de la maison augmentent d’année en année.
Qui plus est, la résidence serait moins fréquentée qu’auparavant : les activités littéraires qui y étaient organisées tendent maintenant à se dérouler virtuellement, de souligner l’UNEQ.
Mais Danièle Simpson, qui a présidé le syndicat de 2011 à 2016, doute des raisons invoquées par la nouvelle direction. Elle continue de s’opposer à la vente et a bien l’intention d’user de son vote en mars prochain. « C’est une maison qui représente énormément pour les écrivains. Ça a pris plusieurs années avant qu’on ait notre Maison des écrivains. Et là, on voudrait tout vendre ça ? Il faudrait vraiment de bonnes raisons pour me convaincre. Il n’y a rien qui prouve que l’UNEQ serait en faillite si on ne vendait pas la maison. »
L’ire du milieu littéraire
L’assemblée générale extraordinaire du 29 mars pourrait s’avérer houleuse, car les membres se pencheront également sur le délicat dossier des cotisations syndicales.
Rappelons que l’UNEQ avait initialement décidé que tous les auteurs du Québec devraient lui verser une cotisation syndicale, à hauteur de 2,5 % de leurs revenus pour les membres et de 5 % pour les non-membres. Cette décision a soulevé l’ire du milieu littéraire le mois dernier, d’autant qu’à peine 46 personnes avaient participé à l’assemblée générale lors de laquelle ce changement a été adopté.
L’UNEQ était finalement revenue sur sa position en raison d’un vice de procédure.
Est-ce que notre crédibilité et notre légitimité ont été entachées ? Ce n’est pas à moi de le dire. Mais est-ce qu’il y a eu des difficultés de communication ? Je serais sourd et aveugle de dire que non. Ça montre qu’on a encore des efforts à faire pour obtenir l’adhésion de nos membres à nos décisions.
Pour trouver un nouveau compromis, l’UNEQ a annoncé mercredi qu’elle « mettra en place un comité consultatif formé d’auteurs aux points de vue divergents, mais également d’experts issus des milieux judiciaire, économique et syndical ». « Ces travaux permettront au conseil d’administration de soumettre une nouvelle résolution aux membres lors de l’assemblée générale extraordinaire », indique-t-on.
Les auteurs qui désirent participer à l’assemblée du 29 mars devront avoir adhéré à l’UNEQ au moins 30 jours auparavant. Le syndicat s’attend à une participation record : quelque 1600 auteurs en étaient déjà membres, et une centaine d’autres y ont adhéré depuis la fin décembre.