Les flâneurs

Illustration: Le Devoir

Marco Fortier

Chien blanc et colère noire

Anaïs Barbeau-Lavalette est la plus universelle des cinéastes du Québec. Avec Chien blanc, adapté du roman de Romain Gary, elle livre un regard personnel sur une histoire américaine vécue par un Français. On sort chamboulé de ces 95 minutes de cruauté, de beauté et de lucidité. Denis Ménochet est émouvant en idéaliste qui s’obstine à réhabiliter un chien dressé pour attaquer les Noirs. Ça se passe en 1968, en pleine répression du mouvement pour les droits civiques aux États-Unis. Le film rappelle qu’un demi-siècle plus tard, rien n’a changé. C’est d’une tristesse infinie, mais ça fait du bon cinéma.


Odile Tremblay

Le polar de Goudreault

J’ai rattrapé Maple, le polar de David Goudreault (Stanké) qui déboule avec son histoire trépidante, drôle, et hirsute sur les bords. Stylé et cinématographique. On verrait bien un scénario tiré de cette enquête de la prostituée Maple, vengeresse et radioactive, rescapée d’Abattre la bête, ici aux trousses d’un maniaque dépeceur dans Hochelaga. Après tout, en France, bien des oeuvres de la zone sont truffées de mots d’argot. Pourquoi pas en québécois ? Avec sa vitriolique charge anti-rectitude, cette liqueur âpre se boit d’une seule lampée au goulot.


Manon Dumais

Merveilleuse Florence

Thriller atmosphérique de Sebastián Lelio (Une femme fantastique), Miraculeuse met en scène l’excellente Florence Pugh dans le rôle d’une infirmière chargée de surveiller une fillette qui prétend se nourrir de la manne des cieux plutôt que de nourritures terrestres. Avec sa minutieuse trame sonore évoquant le cinéma d’horreur folklorique, avec ses landes violemment soufflées par le vent, comme dans les romans des Brontë, et avec sa sombre illustration d’une Irlande arborant les cicatrices de la Grande Famine, cette fulgurante critique des dérives de la foi a tout pour séduire les cinéphiles. Sur Netflix.


Amélie Gaudreau

Glace vitale

La deuxième production née d’une collaboration entre l’ONF et le Planétarium de Montréal nous entraîne bien sûr aux confins de notre système solaire, mais aussi sous les épaisses (mais moins qu’avant…) couches de glace de l’Arctique et de l’Antarctique. Mondes de glace s’emploie, à travers des images spectaculaires et la narration apaisante de l’artiste Beatrice Deer, à mettre en lumière l’importance capitale de cette matière gelée parfois mal aimée (et menacée) pour le maintien de la vie sur Terre, et sa présence autour et sur d’autres planètes, qui donnent des espoirs de découvrir des traces de vie très loin d’ici…


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