Annie Ernaux salue Camus en recevant son prix Nobel de littérature

L’écrivaine française Annie Ernaux
Fredrik Persson / TT News Agency / Agence France-Presse L’écrivaine française Annie Ernaux

L’écrivaine française Annie Ernaux a rendu hommage samedi soir au géant français des lettres Albert Camus après avoir reçu son prix Nobel de littérature à Stockholm, 65 ans après l’auteur de L’étranger.

Pendant son discours de remerciement lors du grand banquet célébrant les lauréats 2022 dans la capitale suédoise, l’autrice de 82 ans a exprimé sa « gratitude » d’être inscrite au palmarès aux côtés de Camus, Nobel de littérature 1957.

« Me trouver ici, soixante-cinq ans plus tard, me laisse dans un profond sentiment d’étonnement et de gratitude », a déclaré Annie Ernaux devant les 2000 invités réunis à l’hôtel de ville de Stockholm.

« Étonnement devant le mystère que représentent un chemin de vie et une poursuite hasardeuse, solitaire, de l’écriture. Gratitude de m’avoir permis de rejoindre Camus, et ces écrivains disparus ou contemporains que j’admire », a-t-elle dit.

Mme Ernaux, première femme française à décrocher la récompense suprême après quinze Français, a également salué « ceux qui ne sont pas ici, ces hommes et ces femmes qui ont parfois trouvé dans mes livres des raisons de vivre et de lutter, de se sentir plus fiers ».

« En récompensant mon travail, vous m’obligez à encore plus d’exigence dans la recherche d’une réalité et d’une vérité partageables », a-t-elle dit, la voix empreinte d’émotion.

Avec les autres lauréats des Nobel « suédois » (médecine, physique, chimie et économie) annoncés en octobre, elle a reçu plus tôt dans l’après-midi son prix des mains du roi de Suède, lors de la traditionnelle cérémonie organisée à Stockholm.

Les lauréats ukrainien, russe et biélorusse du prix de la paix ont eux appelé à ne pas baisser les armes contre la guerre « folle et criminelle » que Vladimir Poutine a lancée en Ukraine.

Issus des trois principaux États protagonistes du conflit, le Centre ukrainien pour les libertés civiles (CCL), l’ONG russe Memorial, dissoute sur ordre de la justice, et le militant biélorusse Ales Beliatski, emprisonné dans son pays, ont été couronnés pour leur engagement en faveur « des droits de la personne, de la démocratie et de la coexistence pacifique » face aux forces autoritaires.

« La paix pour un pays attaqué ne peut être atteinte en déposant les armes », a déclaré la cheffe du CCL, Oleksandra Matviïtchouk. « Ce ne serait pas la paix, mais l’occupation. »

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