Les flâneurs


Les morts de sa vie
La très belle pièce Les morts d’Alexis Martin, présentée à Espace libre l’automne dernier, revit en mots aux éditions Somme toute. Dans cette chambre d’enfance retrouvée, là où s’animent les fantômes du passé, le dramaturge trouve sa voix et sa poésie. Et comme le narrateur et ses spectres s’expriment longuement, ce texte se lit telle une nouvelle stylisée, en eau profonde, peuplée de mystères, de souvenirs, d’émotions fines, de réflexions existentielles, de parallèles entre le théâtre et la vie. « Quel est le titre de cette pièce dans laquelle je vis depuis si longtemps ? » demande l’auteur sans prétendre répondre à sa question.

Entre Dronten et le Rif
Riffi, rappeur néerlandais d’origine marocaine, a lancé récemment son sixième album, Direction, qui est aussi son tout premier entièrement écrit en dialecte amazigh du Rif (d’où il tire ses origines ainsi que son nom d’artiste). Une telle proposition constitue déjà une revendication identitaire en soi, mais celle-ci prend réellement tout son sens dans le morceau Ini Nech Darifi, qui reprend le titre d’une chanson de Morad Salam, qui se traduit par la simple phrase suivante : « Dis, moi, je suis Rifain. » Ravissante découverte.

Histoires à gravir debout
L’an dernier, ESCALE récoltait 1001 histoires liées aux escaliers de Québec, semées par les promeneurs qui fréquentent ces traits d’union entre la basse et la haute ville. Cinq de ces confidences ont germé en mots et en musique grâce à des artistes locaux. Jusqu’au 18 septembre, ESCALE invite à les découvrir en braquant son téléphone sur les codes QR situés au pied et à la tête de cinq escaliers. Une manière originale et littéraire d’entendre ces fragments toujours intimes, parfois historiques, de l’histoire de la capitale, racontés par le vécu de ceux et celles qui la font vibrer.

Cuisine familiale
Si la comédie dramatique The Bear pouvait être diffusée en odorama, elle serait parfaite. Ou presque. Cette série de Christopher Storer (Ramy) nous entraîne dans la cuisine désordonnée d’une sandwicherie italienne de Chicago, reprise tant bien que mal par un prodige de la scène culinaire mondiale (Jeremy Allen White, fabuleux) après le décès tragique de son frère. Les plans presque zen de cuisson et de préparation d’aliments contrastent avec le chaos qui règne dans cette brigade indisciplinée mais attachante. À dévorer sur Disney+.