Julien Lacroix annonce un retour sur scène

Pour célébrer ses deux ans de sobriété, l’humoriste Julien Lacroix tente un retour devant son public avec un enregistrement balado.
Photo: Guillaume Levasseur Le Devoir Pour célébrer ses deux ans de sobriété, l’humoriste Julien Lacroix tente un retour devant son public avec un enregistrement balado.

Deux ans après avoir été visé par des allégations d’inconduites sexuelles, l’humoriste et comédien Julien Lacroix annonce son retour en organisant l’enregistrement devant public d’un balado indépendant qui soulignera ses deux ans de sobriété.

« J’ai vraiment hâte de vous voir. Je n’ai pas parlé devant des gens depuis le 12 mars 2020. Je suis vraiment nerveux, mais excité à l’idée de vous jaser », a-t-il écrit mardi sur son compte Instagram privé, suivi par 125 000 abonnés.

« Merci à tous ceux qui m’ont soutenu, si c’est vrai que ça prend un village pour élever un enfant, ça prend une société pour relever un ivrogne », a-t-il poursuivi, lançant par la bande la vente d’une quantité limitée de billets. L’humoriste n’a pas répondu à notre demande de précisions.

Rappelons que lors d’un nouveau mouvement de dénonciations sur les réseaux sociaux à l’été 2020, neuf femmes avaient confié au Devoir avoir été victimes d’agressions ou d’inconduites sexuelles de la part de Julien Lacroix. Largué dans la foulée par son agence, l’humoriste et comédien avait mis sur pause tous ses projets en cours et quitté la sphère publique.

Dans son message, Julien Lacroix précise que c’est avant tout pour souligner ses deux ans de sobriété qu’il se lance aujourd’hui dans ce nouveau projet de balado. D’ailleurs, « tous les profits iront à la prévention de l’alcoolisme et [de] la toxicomanie chez les jeunes ». « Je sais que pour plusieurs d’entre vous, ça peut sembler banal ou votre quotidien, mais j’avoue que de mon côté, comme je consomme depuis l’âge de 12 ans, c’est une grande fierté. Je ne [tiens] rien pour acquis, je poursuis mon rétablissement, mais j’avoue que je respire mieux. »

L’événement présenté comme un balado sous forme de questions-réponses où s’entremêleront « humour et confessions » se tiendra le 12 juillet prochain, dans une salle montréalaise, pour le moment tenue secrète. Seuls les 25 participants obtiendront l’adresse exacte, 24 heures avant que l’humoriste ne monte sur scène.

Cette sortie publique a reçu un accueil partagé auprès des Québécois sur les réseaux sociaux. Si certains ont témoigné à Julien Lacroix leur amour et leur soutien — preuve en est, ses billets se sont vendus en quelques heures seulement —, d’autres ont plutôt exprimé leur consternation et leur mécontentement face à son retour dans la sphère publique.

« Ce qui me frappe du retour sans complexes de Julien, c’est le timing et la conjoncture dans laquelle il s’inscrit », a écrit dans un message envoyé au Devoir Lauriane Palardy, qui fait partie des neuf femmes qui avaient dénoncé l’humoriste en 2020.

« [Johnny] Depp a gagné son procès, l’avortement est interdit dans plusieurs États américains, et une femme du Salvador vient d’être condamnée à 50 ans de prison après la mort de son bébé à la naissance. Le backlash post-#MeToo est frappant et, pour moi, le retour de Julien s’inscrit dans une mouvance antiféministe internationale. Ça m’inquiète beaucoup. »

Elle ajoute néanmoins être « sincèrement heureuse » que Julien Lacroix soit désormais « sobre et qu’il aille bien ». « Je lui souhaite de se guérir en aidant les autres à reconnaître la violence qu’ils perpétuent. Je nous souhaite que son retour soit utile. Pour moi, Julien a une immense responsabilité maintenant », a-t-elle poursuivi.

Retour annoncé

 

Dans une entrevue vidéo diffusée intégralement par Le Devoir en décembre 2021, Julien Lacroix avait déjà fait part de sa volonté de renouer avec son public, même s’il n’avait pas obtenu le pardon des femmes qui l’ont dénoncé. « Je souhaite que ces personnes-là aussi aillent mieux. Je souhaite qu’un jour, elles puissent passer à autre chose en s’assoyant avec moi ou sans moi. […] Moi, ce que je contrôle, c’est ma démarche. »

Parmi les dénonciatrices contactées par Le Devoir, seule Lauriane Palardy a répondu à nos demandes d’entrevue mardi, plusieurs autres ayant refusé de commenter l’annonce de Julien Lacroix. Toutefois, en décembre, sept d’entre elles s’étaient exprimées sur son premier entretien public et avaient des opinions très partagées. Certaines auraient souhaité qu’il leur présente des excuses écrites avant d’envisager de relancer sa carrière. D’autres estimaient que son introspection n’était pas complète, puisqu’il a confirmé avoir consulté des spécialistes uniquement pour ses problèmes de consommation, et ne pas en avoir consulté spécialement pour ses comportements sexuels.

Julien Lacroix avait alors indiqué ne pas vouloir s’imposer à qui que ce soit, soulignant que « l’avantage quand tu fais de l’humour, c’est que tu peux bien te louer des salles et faire des capsules sur Internet, [mais] si on ne veut pas te voir, on ne te voit pas. Je ne m’impose à personne ».

L’artiste avait également abordé son cheminement personnel et ses démarches auprès des dénonciatrices. « J’ai envie de recommencer à marcher la tête haute. J’ai été quand même pas mal humilié pis j’ai honte », avait-il fait valoir.
 


Précision: Une version précédente du texte mentionnait que sur les neuf dénonciatrices seule une avait répondu à notre demande. Il faut plutôt lire que c’était parmi les dénonciatrices contactées par Le Devoir.

 

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