Le couvent des Soeurs de Sainte-Anne détruit par un incendie

À Saint-Cuthbert, un peu au nord de Berthierville, l’ancien couvent des Sœurs de Sainte-Anne a été ravagé par les flammes dans la nuit et au matin du 27 juin. Les services des incendies de la MRC de D’Autray se sont employés à écraser les flammes. Ils ont même eu recours, pour y parvenir, à une immense pelle mécanique. Le bâtiment patrimonial est une perte totale.
Le maire de Saint-Cuthbert, Richard Belhumeur, indique au Devoir que l’immeuble conventuel a été laissé à l’abandon durant des années. Il avait été acheté, dit-il, à des fins de spéculation immobilière. « L’an passé, on l’a vendu pour taxes impayées. C’est un entrepreneur qui s’est manifesté. Le projet était d’installer des logements tout en préservant le cadre patrimonial. Pour nous, c’était un scénario idéal. »
Comment un incendie aussi violent a-t-il pu se déclencher, alors que le bâtiment n’était même plus relié au réseau d’Hydro-Québec ? « C’est une bonne question ! Les pompiers ont contacté la police. Une enquête est ouverte », explique le maire de l’endroit.
Ce bâtiment religieux de Lanaudière avait été cité, en septembre dernier, en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel afin d’en assurer sa conservation. La municipalité de Saint-Cuthbert avait de la sorte reconnu le caractère exceptionnel de ce bâtiment de 1882. Un agrandissement subséquent avait été réalisé en 1910. L’ensemble conservait ses caractéristiques originales : toit en tôle canadienne, vaste galerie et balcon, clocher surmonté d’une horloge, lucarnes circulaires.
Dessiné par l’architecte réputé Victor Bourgeau, l’édifice était de style Second Empire, comme cela était souvent le cas pour des édifices institutionnels de cette période. À Montréal, on doit à Bourgeau l’église Saint-Pierre-Apôtre et l’intérieur de la somptueuse basilique Notre-Dame, qui suscite encore l’admiration. C’est aussi lui qui a réalisé la cathédrale de Trois-Rivières.
La communauté religieuse des Sœurs de Sainte-Anne, qui occupa longtemps ce bâtiment à Saint-Cuthbert, avait pour mission l’éducation des filles et des garçons des campagnes qui étaient conduits jusqu’à elles au village.
Pour Nathalie Roy, fille du réputé architecte Jean-Marie Roy, il s’agit d’une perte majeure. Résidente de l’endroit, Mme Roy estime que le cœur urbain de la municipalité va s’en trouver bouleversé. « Va-t-on désormais construire là quelque chose de neuf et d’absolument laid à la place ? » Mme Roy fait partie d’un comité qui espère trouver le moyen de préserver au moins, au bénéfice de la communauté, l’ancien presbytère. « Le curé part [du presbytère] cette année. Il faut que ces bâtiments soient redonnés à la communauté. »