Le diabète et la drogue en cause dans le décès de Karim Ouellet

Karim Ouellet a été retrouvé mort le 17 janvier dernier dans un studio de la basse-ville de Québec.
Photo: Annik MH de Carufel Archives Le Devoir Karim Ouellet a été retrouvé mort le 17 janvier dernier dans un studio de la basse-ville de Québec.

Le rapport de la coroner lève le voile sur les circonstances tragiques qui ont mené au décès de Karim Ouellet. On apprend que le chanteur, qui avait développé une dépendance aux drogues, avait cessé de traiter le diabète dont il souffrait depuis de nombreuses années. Isolé après avoir fait le vide autour de lui, il était mort depuis environ deux mois lorsque les policiers l’ont retrouvé dans un studio de la basse-ville de Québec, le 17 janvier dernier.

La coroner conclut néanmoins que l’auteur-compositeur-interprète de 37 ans est mort de causes naturelles à la suite d’une acidocétose diabétique, directement attribuable à un diabète mal contrôlé.

Karim Ouellet, qui vivait avec le diabète de type 1 depuis son jeune âge, était dépendant d’injections d’insuline au quotidien. Or, le chanteur a toujours eu du mal à accepter sa maladie, peut-on lire dans le rapport de la coroner rendu public mercredi. En mai 2020, d’ailleurs, il avait été hospitalisé à deux reprises, présentant des signes là encore d’acidocétose diabétique. Aux prises avec des problèmes de santé mentale et de toxicomanie, le chanteur ne soignait plus son diabète depuis déjà un an à ce moment.

L’acidocétose diabétique progresse très rapidement et peut causer la mort en quelques jours si rien n’est fait. Les personnes diabétiques peuvent toutefois reconnaître les signes avant-coureurs et agir afin d’éviter le pire. La coroner laisse entendre que la consommation de drogue de Karim Ouellet explique peut-être en partie son inaction, malgré son état de santé qui se détériorait.

« La présence de méthamphétamine, autre drogue d’abus, a toutefois été détectée dans les échantillons sanguins. Cette drogue a pu avoir le même effet [que la cocaïne] sur M. Ouellet, qui, étant intoxiqué, ne s’est pas davantage préoccupé de son diabète que par les mois précédents », écrit la coroner Me Sophie Régnière.

Problèmes de drogue

 

Des sachets de cocaïne, substance à laquelle Karim Ouellet était dépendant depuis 2019, ont été retrouvés sur place. Il a cependant été impossible de déterminer si l’artiste en avait consommé avant sa mort, vu l’état dans lequel on l’a retrouvé. Au moment où les policiers ont fait la macabre découverte, le 17 janvier dernier, son corps était en début de momification. Il gisait sur le dos, sur le sol du studio de musique qu’il louait.

Sans nouvelles depuis un moment, un membre de sa famille avait contacté le 4 janvier le propriétaire de ce studio. Ce dernier s’est alors rendu compte que Karim Ouellet ne lui avait pas payé le loyer des deux derniers mois, mais il ne s’en est pas inquiété outre mesure. Le propriétaire de l’immeuble a finalement alerté les services d’urgence le 17 janvier après avoir reçu quelques plaintes dans les jours précédents concernant une odeur nauséabonde.

Karim Ouellet avait été vu pour la dernière fois en novembre. Après enquête, la coroner estime que le chanteur serait décédé le 15 novembre, soit deux mois avant que l’on trouve son corps. À peine deux semaines auparavant, le 31 octobre, Karim Ouellet avait été hospitalisé après avoir été découvert inconscient, en état d’intoxication et d’hypoglycémie sévère. Il avait refusé les soins, malgré l’insistance du personnel, et avait quitté l’Hôtel-Dieu de Québec le même jour.

Santé mentale

 

Karim Ouellet craignait les hôpitaux et a toujours eu beaucoup de difficulté à prendre ses médicaments de manière continue. Déjà à l’âge de 17 ans, il avait dû être hospitalisé parce qu’il refusait les injections d’insuline, qui lui étaient pourtant vitales.

Les problèmes de santé mentale du musicien étaient connus. Lors de l’annonce de son décès, en janvier, plusieurs personnes qui l’avaient côtoyé en avaient fait part. Après avoir connu la gloire avec l’album Fox en 2012, le chanteur s’était peu à peu renfermé sur lui-même.

Désabusé par rapport à son métier, Karim Ouellet était devenu méfiant, voire paranoïaque par moments. Très peu de gens avaient encore des contacts avec lui au moment de sa mort.

Selon le rapport de la coroner, on lui avait déjà diagnostiqué un trouble de l’usage de substance, ainsi qu’un trouble de comportement sévère. Lors de l’une de ses hospitalisations, en mai 2020, les médecins avaient aussi parlé de possible psychose toxique, soit des troubles psychotiques induits par des substances. Malgré ses ennuis de santé, il espérait toujours revenir sur le devant de la scène. Il travaillait d’ailleurs sur un nouvel album.

Né au Sénégal, adopté par un couple de diplomates, Karim Ouellet a passé son enfance aux quatre coins du monde avec ses parents et sa soeur, la rappeuse Sarahmée. Installé à Québec depuis son adolescence, il aura connu une carrière courte, mais intense. On lui doit plusieurs titres à succès, comme L’amour, Rien ne sert de courir ou encore Marie-Jo.

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