Un «début» insuffisant de reconnaissance pour les artistes non binaires

La pression en faveur d’une plus grande reconnaissance des talents trans et non binaires à l’écran a amené plusieurs cérémonies de remise de prix à s’interroger sur la manière de reconnaître les talents queers, avec des résultats partagés.
Le vote a commencé la semaine dernière pour les prix Emmy, qui ont vu l’année dernière une première interprète ouvertement transgenre nommée pour un rôle principal — Mj Rodriguez, pour son rôle dans la série dramatique Pose. C’est également la troisième interprète transgenre à être nommée pour un Emmy, après Laverne Cox et Rain Valdez.
Au Canada, la section torontoise du syndicat des acteurs a renommé certains de ses prix pour qu’ils soient plus inclusifs, mais des critiques ont affirmé que les catégories étaient encore principalement définies par des termes binaires.
Dans une industrie qui commence enfin à s’ouvrir aux artistes sous-représentés, les défis se poursuivent dans les productions grand public, ainsi que pour les remises de prix qui les honorent, a déclaré l’actrice Tricia Black, née au Nouveau-Brunswick, connue pour la comédie de CBC Pretty Hard Cases.
« Nous sommes à une époque où tant de gens peuvent enfin être qui ils sont vraiment et s’exprimer de plusieurs façons différentes », a dit Tracia Black, qui utilise le pronom iel.
« Cela signifie que nous devons être plus attentifs les uns envers les autres lorsqu’il s’agit de la façon dont nous sommes vus. Mais dans le monde du jeu, c’est difficile, et cela vous amène souvent à vous demander : “Où est-ce que je me situe ?” »
Un « début »
Les prix Emmy de l’année dernière ont été les premiers à permettre aux acteurs d’être reconnus avec le titre non sexiste « d’interprète » sur leur certificat de nomination et leur trophée. L’année dernière également, les Gotham Awards ont éliminé les catégories du meilleur acteur et de la meilleure actrice, les remplaçant par des catégories principales et secondaires.
Plus tôt cette année, dans l’industrie de la musique, les BRIT Awards du Royaume-Uni ont également opté pour des catégories plus inclusives, tandis que les Grammys ont supprimé toutes les catégories sexuées en 2012.
Au Canada, l’Alliance of Canadian Cinema, Television and Radio Artists (ACTRA) de Toronto, la plus grande branche du syndicat canadien des artistes interprètes, permet aux membres de soumettre des candidatures en fonction du sexe du personnage représenté ou de la façon dont un artiste s’identifie personnellement. Ils incluent « performance exceptionnelle – non binaire ou féminin » et « performance exceptionnelle – non binaire ou masculin ». L’ACTRA a déclaré que les changements de catégorie avaient été effectués en consultation avec le comité queer outACTRAto.
Cependant, la vedette de la série télévisée Sort Of, Amanda Cordner, qui a été nommée pour avoir incarné le personnage non binaire 7ven, a déclaré que les catégories restaient essentiellement binaires malgré le changement de titre. Avoir une catégorie consacrée au « meilleur interprète » aurait eu plus de sens, a indiqué Amanda Cordner dans une entrevue après l’annonce des nominations en janvier.
Jo Vannicola, acteur et écrivain né à Montréal et lauréat d’un Emmy, qui s’identifie comme non binaire, fait partie du comité LGBTQ+ de l’ACTRA Toronto. Il qualifie la décision de l’ACTRA de « début ».
Vannicola, à la tête d’outACTRAto, espère que l’ACTRA ouvrira davantage de catégories l’année prochaine.
Aux Canadian Screen Awards de cette année, la covedette non binaire Amanda Cordner et Bilal Baig, cocréateur de Sort Of, ont choisi de ne pas soumettre leurs performances aux prix en raison des catégories d’acteurs binaires « décevantes », a confirmé la productrice exécutive, Jennifer Kawaja, dans un courriel à La Presse canadienne. Beth Janson, p.-d.g. de l’Académie canadienne à l’époque, a déclaré que « c’est une chose sur laquelle nous voulons travailler ».