Francine Chaloult n’est plus

Femme de caractère, Francine Chaloult savait nouer des relations de proximité avec les journalistes pour faire rayonner ses artistes.
Photo: Photo courtoisie Femme de caractère, Francine Chaloult savait nouer des relations de proximité avec les journalistes pour faire rayonner ses artistes.

La célèbre attachée de presse Francine Chaloult est décédée mardi à l’âge de 82 ans. Proche du couple Dion-Angélil, elle aura été aux premières loges de l’avènement du show-business québécois dans les années 1960 et 1970.

Son gendre, le député libéral Pierre Arcand, a confirmé son décès sur les réseaux sociaux en début de soirée. « Elle a été au cours de sa carrière la plus extraordinaire attachée de presse, représentant tous les grands artistes du Québec. Elle a fait son métier avec passion », a-t-il écrit.

Francine Chaloult fut l’attachée de presse des plus grands : de Gilles Vigneault à Jean-Pierre Ferland, en passant par Robert Charlebois, Diane Dufresne, Yvon Deschamps ou encore Clémence DesRochers. Nombreux artistes la surnommaient « maman », et pour cause.

Femme libre et avant-gardiste, Francine Chaloult est considérée comme l’une des pionnières du métier d’attachée de presse au Québec. « Dans les années 1960, ça existait en France et aux États-Unis, mais pas ici. Tout était encore à défricher », raconte l’agent d’artistes Martin Béliveau, qui a été l’un de ses poulains.

Photo: Denis Beaumont La Presse canadienne Francine Chaloult (à droite) accompagnée de son mari, le journaliste Georges-Hébert Germain (à gauche) décédé en novembre 2015.

Plusieurs personnes dans le milieu, devant et derrière les projecteurs, lui doivent leur carrière. Femme de caractère, elle savait nouer des relations de proximité avec les journalistes pour faire rayonner ses artistes.

« Elle était extrêmement passionnée. Elle ne se contentait pas de représenter les artistes, elle les défendait », explique l’attachée de presse Rosemonde Gingras, qui a travaillé avec elle pendant quelques années.

Véritable bourreau de travail, Francine Chaloult n’était pourtant pas prédestinée à devenir la grande dame du show-business québécois qu’elle est devenue. Élevée dans une famille aisée du Lac-Saint-Jean, Francine Lévesque, de son nom de jeune fille, s’est mariée à 18 ans et eut son premier enfant deux ans plus tard.

Mais rapidement, cette vie rangée de ménagère, considérée comme la norme à l’époque, l’exaspère. Lorsque son mari et elle quittent l’Abitibi pour Montréal, à son plus grand bonheur, Francine Chaloult se rapproche de sa sœur, la comédienne Suzanne Lévesque, qui l’introduit dans le milieu artistique.

C’est à cette période qu’elle rencontre le producteur Guy Latraverse, dont elle devient d’abord la secrétaire. Grâce à lui, elle gravira les échelons en côtoyant non seulement les vedettes québécoises, mais également les plus grandes stars françaises de l’époque, comme Charles Aznavour, Enrico Macias ou encore Dalida.

Elle fonde sa propre entreprise de relations publiques quelques années plus tard. « C’était fou, le monde qu’elle connaissait. Dès qu’il y avait un événement dans le milieu artistique, tout le monde se tournait vers elle », se souvient avec émotion Murielle Blondeau, qui fut sa grande complice durant 35 ans.

Francine Chaloult était active dans le milieu jusqu’à tout récemment, avant d’être rattrapée par un diagnostic de maladie d’Alzheimer. En 2019, l’ADISQ lui avait d’ailleurs rendu hommage lors de son gala.

Dans les années précédentes, elle avait été l’attachée de presse de Bruno Pelletier, de Garou ou encore de Florence K, qui tenait à lui rendre hommage mardi après avoir appris son décès. « C’est l’une des meilleures personnes que j’ai connues. C’était une amoureuse des artistes et la musique », a salué en entrevue au Devoir la chanteuse, la gorge nouée.

Femme de confiance de René Angélil, Francine Chaloult est aussi connue pour avoir accompagné Céline Dion dans chacune de ses apparitions médiatiques au Québec. Son second mari, le journaliste Georges-Hébert Germain, a d’ailleurs été le biographe de la diva de Charlemagne. « Elle avait deux amours : son métier et Georges-Hébert », souligne Murielle Blondeau.

Veuve depuis le décès de Georges-Hébert Germain en 2015, Francine Chaloult est la mère de Dominique Chaloult, ancienne directrice générale de la télévision de Radio-Canada et de l’auteure Rafaële Germain.

À voir en vidéo