Mariana Mazza, trop honnête pour être polie

Cinq ans et demi après Femme ta gueule, Mariana Mazza dévoilait mardi soir, à l’Olympia, devant un parterre de médias et de personnalités, son deuxième spectacle solo : Impolie. Dans un deux-pièces en satin rouge, qu’elle qualifiera elle-même de pyjama, la tête surmontée de deux chignons, rouges également, la belle effrontée est apparue au centre d’une pyramide lumineuse, comme une vedette de la musique populaire au sommet de sa gloire.
D’entrée de jeu, l’humoriste de 31 ans, ayant pourtant remporté l’Olivier de l’année 2022, avoue qu’elle a ressenti de l’inquiétude en parcourant les critiques des récents spectacles de ses collègues : « Phil Roy, plus mature que jamais. », « Virginie Fortin, brillantissime. » Depuis quand est-ce que les humoristes concourent pour le prix Nobel ? Depuis quand est-ce que l’humour doit sauver le monde ? « J’ai peur ! » Un aveu qui donne le ton : au cours des 90 prochaines minutes, attendez-vous à ce que la franchise l’emporte sur tout le reste.
Mazza n’est pas aussi vulgaire qu’on voudrait le croire. Pas aussi méchante qu’on le prétend. Pas aussi coriace qu’elle le laisse paraître. Rappelons que son spectacle est sous-titré « Pardonne-moi si je t’aime », un emprunt à une chanson de Claude Barzotti ! Pas de doute, il y a chez l’humoriste de la douceur, de la tendresse et même une forme de sagesse. Après tout, le sujet autour duquel elle brode si habilement, depuis ses débuts, son véritable thème de prédilection, c’est l’amour-propre. « Vous m’aimez comme je suis ! » répète-t-elle, un brin incrédule et fortement reconnaissante.
Sans détour
En parlant librement de pénétration vaginale et anale, mais aussi de défécation, de démangeaisons, d’odeurs, de douleurs, de rondeurs et de pilosité, en appelant les choses par leur nom, en exprimant les limites et les inconforts, en célébrant les plaisirs, petits et grands, l’humoriste accomplit un travail de démystification, de dédramatisation et de déstigmatisation qui fait un bien fou. Qu’elle nous entraîne dans un club de danseuses nues ou dans un concert des Backstreet Boys à Las Vegas, elle aborde toujours de front la question du corps des femmes.
Par endroits, surtout lorsqu’on est sur le territoire des rôles sexuels, l’humoriste flirte avec les clichés, laissant échapper des blagues vieillottes qui détonnent. Heureusement, bien plus nombreux sont les moments où son originalité prend le dessus. Quand elle relate ses interactions avec le public, pendant et après ses spectacles, ou encore ses douloureuses expériences de chroniqueuse à la télé et à la radio, sans oublier son truculent voyage en Grèce et en Italie avec sa mère, Mariana Mazza apparaît dans toute son humanité, joyeusement impolie et diablement attachante.