«Lac-Noir»: Inquiétante étrangeté

Le public québécois est friand de séries policières, mais rares sont celles qui intègrent des éléments de fantastique et de surnaturel. C’est pourtant le projet que chérissait depuis plusieurs années Frédérik D’Amours, qui signe la nouvelle série Lac-Noir, qui prend l’affiche sur Club illico. Lac-Noir raconte l’histoire d’une policière (Mélissa Désormeaux-Poulin) qui prend le relais, dans un petit village du Québec, d’un collègue mystérieusement disparu.
« J’aime beaucoup les films de genre », admet d’emblée Frédérik D’Amours en entrevue. « Depuis que je suis ado. » « J’ai toujours voulu faire des films de genre, mais c’est très difficile d’en faire au Québec. Il n’y en a pas tant que ça. »
Le problème, c’est que les films de genre coûtent souvent cher à produire à cause des effets spéciaux requis. « Ce qui est compliqué avec les séries de genre, ajoute Martin Girard, coauteur de la série avec Charles Dionne, c’est le point de vue technique: cela demande des moyens pour que ça ait l’air crédible ». Pour Lac-Noir, Frédérik D’Amours a pu compter sur son ami Adrien Morot, concepteur d’effets spéciaux et de maquillage, qui l’a fourni en effectifs.
Choses pas catholiques
C’est ainsi que les protagonistes de Lac-Noir feront face, on le devine, à quelques bêtes sataniques. Mais chacun d’entre eux cache aussi un secret. Valérie (Mélissa Désormeaux-Poulin) a été mutée comme policière à Lac-Noir, où elle se rend avec son fils qui travaillera dans un camp de vacances. Son partenaire de travail (Stéphane Demers) s’inquiète de ce qui est advenu à son collègue, mais enquête également sur des vols d’objets survenus à la petite église du village, que fréquente un curé itinérant.
C’est à cette occasion que Valérie fait face pour la première fois à d’étranges habitants du village, qui harcèlent le curé, et qui font peut-être partie d’une secte satanique.
Pendant ce temps, le fils de Valérie rencontre une jeune animatrice du camp, qui est la proie de cauchemars récurrents.
C’est dans cet univers baigné d’inquiétude que l’on pressent que l’esprit du bien croisera le fer avec celui du mal, quitte à brandir quelques crucifix pour appuyer son propos.
« Il se passe des choses pas catholiques dans ce village », dit le réalisateur, qui admet « jouer avec les conventions du cinéma d’horreur ». « Je ne pense pas révolutionner le genre », dit Frédérik D’Amours, qui espère pourtant ouvrir la voie pour que d’autres productions du genre soient produites au Québec.
« Le curé, c’était presque une figure imposée », ajoute Martin Girard. Le tout, on le devine, s’éloigne des créneaux explorés ces temps-ci au Québec dans les séries télévisées. « C’est très rare de tourner ce genre de film d’horreur au Québec, où on est habitués à des rôles ancrés dans une réalité pure et dure », remarque Charles Dionne.
« On se sert du genre qui passe par le surnaturel pour parler de choses naturelles, de questions très humaines », dit-il. « La question, c’est qu’est-ce qu’on fait avec le mal que l’on porte en soi. »