Déconfinement: la culture passe après le sport dans les cégeps et universités

Les équipes sportives aux niveaux collégial et universitaire pourront reprendre leur entraînement à compter du 31 janvier, mais les étudiants qui s’adonnent à des activités artistiques en parascolaire pourraient devoir encore patienter. Un deux poids, deux mesures qui dérange.
« Encore une fois, la culture est sous le sport. Le premier ministre dit souvent qu’il aime la culture. Mais le dire, c’est une chose, le montrer, c’en est une autre », dénonce Maxime Burgoyne-Chartrand, le directeur général du Réseau intercollégial des activités socioculturelles du Québec (RIASQ).
Le RIASQ a demandé à Québec des éclaircissements jeudi, car il considère que cette décision est insensée. Maxime Burgoyne-Chartrand rapporte qu’on a promis de lui revenir avec une réponse « d’ici 48 heures ».
Les équipes collégiales et universitaires de basketball, de volleyball ou encore de football pourront recommencer à s’entraîner dès lundi, mais si rien ne bouge, les étudiants qui font partie de la troupe de théâtre de leur cégep ou de la ligue d’improvisation, eux, ne pourront pas reprendre leurs activités. Pas plus que ceux qui sont membres de la chorale ou du club de poésie. En effet, la directive gouvernementale concernant les allègements de lundi ne fait mention que des « plateaux d’entraînement » pour les « étudiants athlètes ». À noter que les étudiants qui s’entraînent à la salle de sport pour le plaisir, sans faire partie d’une équipe, n’auront pas droit à ce privilège.
Pas de date avancée
Interrogé par Le Devoir, le ministère de la Santé a confirmé qu’aucune date n’avait encore été avancée pour la reprise des activités parascolaires de nature artistique dans les établissements d’enseignement supérieur.
« Il a été convenu de commencer par de plus petits assouplissements », s’est défendu le ministère par courriel.
Pendant ce temps, les cours de théâtre ou de danse qui sont donnés dans un cadre scolaire ont toujours lieu. Les étudiants du cégep et de l’université n’ont tout simplement pas le droit, jusqu’à nouvel ordre, de pratiquer ces loisirs en parascolaire.
Quant aux élèves du primaire et du secondaire, leurs activités parascolaires, qu’elles soient sportives ou artistiques, ont obtenu cette semaine le feu vert pour reprendre.
« Les jeunes de 19 ans sont autant en détresse que les jeunes de 17 ans. Tout le monde a besoin de reprendre ses activités pour socialiser. C’est catastrophique ce qu’on voit en ce moment », clame Maxime Burgoyne-Chartrand.
À défaut de bénéficier d’indications claires comme les équipes sportives, la ligue d’improvisation de l’UQAM (la LicUQAM) table sur un retour le 7 février, en même temps que la réouverture des salles de spectacle. C’est du moins l’interprétation qui est faite des directives gouvernementales actuelles. « La salle où on joue nous a dit que le personnel était prêt à nous reprendre dès le 7. Alors on va être prêts », assure Arnaud Gosselin, le coordonnateur de la ligue, qui constate que l’improvisation à l’UQAM connaît un regain de popularité depuis l’automne.
Le camp de recrutement de la Lic-UQAM a attiré un nombre record d’étudiants, et les premiers matchs de la saison ont été présentés à guichets fermés. La preuve, selon Arnaud Gosselin, que les jeunes ont besoin d’un exutoire en cette période de turbulences.
Avec Catherine Lalonde