La ministre Roy accuse sa prédécesseure d’avoir entrepris la vente de la ​Maison Chevalier

Un organisme qui a ses bureaux depuis une vingtaine d’années à la Maison Chevalier a obtenu des acheteurs de l’édifice l’assurance que son bail, qui arrive à échéance le 31 mars 2022, sera respecté.
Photo: Renaud Philippe Le Devoir Un organisme qui a ses bureaux depuis une vingtaine d’années à la Maison Chevalier a obtenu des acheteurs de l’édifice l’assurance que son bail, qui arrive à échéance le 31 mars 2022, sera respecté.

La ministre de la Culture Nathalie Roy accuse sa prédécesseure libérale, Marie Montpetit, d’avoir autorisé le Musée de la civilisation à négocier la vente de l’édifice patrimonial qu’est la Maison Chevalier, située dans le Vieux-Québec.

Sous les tirs de l’opposition libérale, en Chambre, Mme Roy s’est appuyée sur l’extrait d’un procès-verbal du conseil d’administration de l’institution muséale daté du 4 avril 2018 pour riposter. « Je rappellerais à la députée de l’Acadie que c’est sa collègue la députée de Maurice-Richard, Mme Montpetit, qui a d’abord autorisé la vente », a-t-elle lancé jeudi matin.

Lors d’un point de presse devant la Maison Chevalier, où elle demandait à la ministre d’empêcher la vente à une filiale du groupe exploitant Ameublements Tanguay, la députée de l’Acadie, Christine St-Pierre, a soutenu le contraire. « C’est sûrement resté au niveau des fonctionnaires, a-t-elle dit. Je l’ai demandé à Marie, si elle avait entendu parler de ça, elle m’a dit non. »

Mme St-Pierre a assuré qu’elle se serait personnellement opposée à toute vente de la Maison Chevalier. « Les gens qui me connaissent savent comment je peux ouvrir ma grande trappe », a-t-elle dit. Il n’a pas été possible de joindre Mme Montpetit.

Le procès-verbal cité par Mme Roy, transmis au Devoir par le Musée, fait référence à un acheteur potentiel, la Ville de Québec. « Le Musée a obtenu l’aval du ministère de la Culture et des Communications pour mener lui-même les négociations, sous réserve que certains paramètres soient respectés, particulièrement en matière de pérennité de cet immeuble patrimonial », indique le document, dont une partie est caviardée.

Avec son partenaire, l’Organisation des villes du patrimoine mondial, la Ville avait soumis une promesse d’achat de 2,2 millions de dollars pour l’édifice construit en 1752 à côté de la place Royale, mentionne le procès-verbal. Le Musée de la civilisation a précisé que l’autorisation ne se limitait pas à l’offre de la Ville de Québec.

« Le [ministère] nous a donné une autorisation générale de chercher un acquéreur et de mener diverses approches et négociations, en fonction des paramètres établis », a déclaré la porte-parole Anne-Sophie Desmeules.

En février, Mme Roy a renoncé à bloquer la vente de l’édifice au Groupe Tanguay. La ministre affronte une levée de boucliers depuis que la transaction a été rendue publique dans un décret gouvernemental à la mi-octobre.

Aux côtés de Mme St-Pierre, jeudi, la députée libérale Marwah Rizqy, porte-parole des dossiers de la capitale, a commenté les informations voulant que des groupes de conservation du patrimoine étudient la possibilité d’avoir recours à la justice pour bloquer la transaction.

« D’un point de vue juridique, effectivement, des questions se posent, a dit la députée, également avocate. Est-ce que oui ou non le Musée avait la capacité légale de faire cette vente ? »

Le Devoir a rapporté dans son édition de jeudi que le cabinet de la ministre Roy avait eu des échanges mercredi avec la Société historique de Québec, qui demande au gouvernement de financer le Musée afin que la Maison Chevalier reste ouverte au public.

 

Un organisme qui a ses bureaux depuis une vingtaine d’années à la Maison Chevalier a obtenu des acheteurs de l’édifice l’assurance que son bail, qui arrive à échéance le 31 mars 2022, sera respecté.

Est-ce que oui ou non le Musée avait la capacité légale de faire cette vente ? 

 

La semaine dernière, le président du Groupe immobilier Tanguay, Alexandre Tanguay, a expliqué aux représentants du Centre de valorisation du patrimoine vivant qu’il n’appliquerait pas la clause selon laquelle un préavis de trois mois est suffisant avant d’occuper les lieux, a expliqué la coordonnatrice de l’organisme, Cassandre Lambert-Pellerin.

D’autres discussions sont prévues pour déterminer quelles seront les possibilités dans les années à venir. « C’est sûr que pour nous, si on est en mesure de rester encore quelques années, on serait bien contents », a dit Mme Lambert-Pellerin.

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