L'ONF met le cap sur le renouveau

Avec 35 % des budgets qui seront désormais consacrés à la relève, l'Office national du film met le cap sur le renouveau. L'ONF, qui avait perdu du terrain ces dernières années après avoir été affecté par une lourde série de compressions budgétaires, souhaite étendre ses auditoires en visant des publics clés, surtout les jeunes et le secteur de l'éducation, tout en innovant dans la forme narrative audiovisuelle. La relève sera encadrée par une forme de mentorat, soit des aînés qui viendront faire des films à l'ONF et encadrer les jeunes cinéastes. "Ces mentors ne seront pas que des anciens de la boîte mais aussi des réalisateurs qui proviennent d'horizons divers", a précisé Jacques Bensimon, président et commissaire de l'ONF.

En poste depuis août dernier, Jacques Bensimon a affiché les couleurs de ses nouvelles orientations à travers le plan stratégique 2002-06, lancé il y a quelques semaines à l'ONF. Côté thématiques, l'accent sera mis sur la santé, l'éducation et la diversité culturelle. "Nous voulons qu'un grand nombre de films abordent ces sujets", explique-t-il, précisant ne pas non plus vouloir enfermer la création dans des cases étroites. "Il y aura toujours des points de vue d'auteurs sur des sujets différents qui pourront s'exprimer."

L'ONF s'est donné pour mandat de renouer ses liens avec la population canadienne en cherchant à obtenir des licences de chaînes spécialisées et en trouvant de nouvelles vitrines. L'ONF veut aussi maximiser ses recettes en regroupant en une seule direction les compétences et les capacités en matière de distribution commerciale et en multipliant les licences de diffusion de ses catalogues.

Les alliances

Autres orientations prises par l'ONF: créer une unité de coproduction internationale pour forger de nouvelles alliances. Au Québec, l'ONF entend travailler de plus en plus souvent avec des boîtes de production privées. La parole sera également donnée à des cinéastes de plusieurs origines culturelles, dont les autochtones.

Jacques Bensimon se dit déterminé à mettre le patrimoine de l'ONF en valeur, comme ce fut fait avec les récents coffrets mémoire des oeuvres de Gilles Groulx et d'Anne Claire Poirier, mais en demeurant en mouvement, sans se transformer en institution muséale.

La fiction, qui était disparue des programmes de l'ONF, devrait renaître sur le chemin de la Côte-de-Liesse. "Il s'agit d'une fiction de type expérimental, explique le commissaire. On doit assumer l'héritage de Gilles Groulx et de Michel Brault en retrouvant cette zone qui existe entre documentaire et fiction. Au programme anglais, en ce sens, les choses avancent plus vite et des projets sont sur la table. Du côté français, un producteur devra incarner cette volonté de marier les genres. À l'ONF, les cinéastes ont dit oui à la fiction, à condition qu'elle ne coûte pas plus cher qu'un documentaire. Nous nous mettrons une somme d'argent comme plafond à atteindre."

Et l'argent, dans tout ça? "Pour le processus du budget, on repart à zéro, conclut Jacques Bensimon. Autrefois, il y avait des chasses gardées et des enveloppes dévolues aux studios. Nous revoyons tout ça. Rien n'est plus acquis, désormais."

À voir en vidéo