Le Québec inconnu de la préhistoire

Des bestioles étranges et moins connues de la période préhistorique
ornent les pages du livre «La préhistoire du Québec»
et donnent vie aux explications de l’auteur.
Illustration: Illustration Martin PM / Éditions Fides Des bestioles étranges et moins connues de la période préhistorique ornent les pages du livre «La préhistoire du Québec» et donnent vie aux explications de l’auteur.

Lorsque l’actuelle rue Sainte-Catherine de Montréal était ensevelie sous l’eau, il y a 470 millions d’années, on aurait pu y croiser des pieuvres géantes. Certaines d’entre elles, de l’espèce de l’orthocone, avaient une coquille en forme de cône, et pouvaient mesurer jusqu’à 11 mètres.

On trouve encore, un peu partout à Montréal, des fossiles de coquilles de ces pieuvres géantes, explique Patrick Couture, qui signe ces jours-ci trois tomes de La préhistoire du Québec, en version illustrée par Martin PM, aux Éditions Fides. On y apprend une foule de choses, qui comblent une partie de notre immense trou de mémoire quant à l’histoire de notre territoire avant l’arrivée de l’homme.

L’idée, c’était de capter l’intérêt des enfants pour les dinosaures pour les emmener ailleurs

Car 470 millions d’années, c’est bien peu, si on remonte plutôt au Précambrien, il y a 4,3 milliards d’années, alors que la roche en lave durcissait pour devenir la croûte terrestre. Or, c’est au Québec qu’on retrouve les roches les plus anciennes du monde, apprend-on. « Le plus ancien morceau de la croûte terrestre est appelé le « Bouclier canadien ». Il recouvre la quasi-totalité du territoire », lit-on dans le tome 2 de la série, consacré aux météorites, aux roches et aux fossiles.

Au-delà des dinosaures

Ces trois tomes, destinés aux jeunes, sont inspirés du livre pour adultes La préhistoire du Québec, que Patrick Couture a publié en 2019 chez Fides. Passionné de préhistoire mais aussi enseignant au primaire, l’auteur a vu dans ce livre jeunesse l’occasion rêvée de vulgariser son savoir, souvent confiné à un public averti.

Pour la série, l’éditeur a eu la bonne idée de faire appel à l’illustrateur Martin PM, qui a eu la possibilité d’exercer son imagination en dessinant les bestioles les plus improbables, des scorpions géants aux mammouths laineux, en passant par les poissons à pattes.

« C’est un domaine où il n’y a pas beaucoup de références, en photographie par exemple. Il y a des illustrations faites par des gens qui se spécialisent dans l’interprétation des fossiles. Il faut dire que ce sont surtout les dinosaures qui sont présents dans l’imagerie populaire de la préhistoire. Pourtant, ces bêtes n’ont été présentes que durant une courte période si on calcule l’évolution globale de la Terre. L’idée, c’était de capter l’intérêt des enfants pour les dinosaures pour les emmener ailleurs », dit Martin PM.

Illustration: Illustration Martin PM / Éditions Fides

Étonnamment, le territoire québécois est particulièrement riche en enseignements sur la préhistoire, poursuit Patrick Couture. C’est là par exemple qu’ont eu lieu la chute de la météorite de Charlevoix, il y a 350 millions d’années, puis celle, deux fois plus violente, de celle de Manicouagan, il y a 214 millions d’années. On dit même de ce dernier impact qu’il pourrait être à l’origine de l’extinction de « la plupart des espèces marines et terrestres ». Les avis scientifiques là-dessus sont partagés, explique Patrick Couture.

« Certains pensent que cette catastrophe aurait été causée par l’impact de Manicouagan. D’autres croient que d’immenses volcans seraient entrés en éruption au même moment. Cela aurait provoqué un réchauffement de la planète si important que de nombreux animaux et plantes en seraient morts », écrit-il.

Le Québec est un pays chaud

 

La faune et la flore décrites par Patrick Couture et Martin PM sont souvent gigantesques, au point qu’on se croit parfois en pleine science-fiction. On parle ici de champignons de 12 mètres ou d’arbres de 40 mètres. Rien d’imaginable aujourd’hui. C’est entre autres parce qu’il faisait au Québec beaucoup plus chaud qu’aujourd’hui, dit Patrick Couture.

« Le Québec, géographiquement, n’est pas du tout où il était », dit-il. En fait, le Québec a longtemps été à la hauteur de l’équateur, soit au point le plus chaud du globe, avant les multiples dérives de continents qui l’ont placé là où il est aujourd’hui.

Illustration: Illustration Martin PM / Éditions Fides

Dans cet environnement, généralement hostile et dangereux, l’homme n’aurait pas pu survivre, conclut Patrick Couture. Non seulement les prédateurs étaient extrêmement dangereux, mais « les plantes primitives ne produisaient pas de fruits dont les humains auraient pu se nourrir. »

Et même si une race intelligente était apparue à ce moment-là, elle n’aurait pas ressemblé aux êtres humains, conclut-il.

 

La préhistoire du Québec

Patrick Couture et Martin PM, Éditions Fides, Montréal, 2021. En trois tomes de quelque 50 pages chacun.

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