Une commission parlementaire sur la culture?

Christine St-Pierre, porte-parole de l’opposition pour la culture à l’Assemblée nationale, en a appelé jeudi à la tenue d’une commission parlementaire sur la culture. « Analyser en profondeur les dommages faits par la pandémie et penser comment envisager l’avenir » du milieu serait une étape nécessaire, a-t-elle mentionné en point de presse.
« Il faut aller plus loin que les programmes déjà mis en place », estime la députée de l’Acadie, qui invite tous les partis à se réunir autour de l’idée, afin d’écouter les regroupements d’artistes et le milieu culturel pour réfléchir à une relance majeure.
Au bureau de la ministre de la Culture, Nathalie Roy, on n’a pas commenté : « Cette demande a été faite aux membres de la Commission de la culture et de l’éducation. Rappelons que les députés qui y siègent sont souverains. Ce sont eux qui décideront de la pertinence de la demande », a précisé le cabinet.
L’argent va aux intermédiaires
Pour Ruba Ghazal, de Québec solidaire, « on ne peut pas être contre une telle consultation. Mais ça fait un an que les artistes vivent une situation difficile, et ça prend des solutions maintenant. C’est pour ça que j’ai proposé de débloquer 50 millions supplémentaires d’aide directe aux artistes. Il y a beaucoup d’argent qui a été débloqué, mais par la façon dont le financement est fait, l’argent ne percole pas aux artistes, ce sont les intermédiaires qui l’ont. Il est important d’avoir des actions rapides. Il faut discuter avec la Santé publique et les artistes pour voir comment déconfiner le milieu dès la fin de la deuxième vague, et discuter de la possibilité de rouvrir, en toute sécurité, les salles de spectacle ».
« La priorité serait davantage un soutien financier qui se rende aux artistes directement. Le secteur de la culture, notamment des arts vivants, a été sacrifié, estime de son côté Pascal Bérubé, du Parti québécois. Le gouvernement a fait le choix d’aller très loin dans le confinement culturel même si ce n’était pas recommandé par la Santé publique. Notre inquiétude est pour les artistes. »
Pour RIDEAU, « il est évident que cette crise a mis en lumière certains dysfonctionnements en culture, dont la fragilité des modèles d’affaires des arts de la scène. Il ne faut pas oublier qu’il y a eu de grandes consultations du milieu lors de la mise en place de la dernière politique culturelle. Il y avait déjà assurément là d’excellentes pistes pouvant nourrir la réflexion », estime la directrice générale, Julie-Anne Richard, qui n’exclut toutefois pas l’idée d’une commission, « si elle peut aider à nous rendre plus forts ».
Des choses à faire
« Si on n’est pas a priori contre l’idée, on croit qu’il y a des choses à faire avant ou parallèlement, pour avoir un impact plus positif », commente Martin Roy, président-directeur général du Regroupement des événements majeurs internationaux. « Je pense évidemment au processus prébudgétaire. Le budget doit contribuer puissamment à la sortie de crise. Et surtout, à un travail avec la Santé publique pour soumettre des hypothèses originales, des initiatives innovantes. Sinon, on ne sera pas plus avancés. »
Au Regroupement québécois de la danse, la directrice des communications, Coralie Muroni, estime que « le momentum est idéal pour une commission parlementaire. Le processus de révision de la Loi sur le statut de l’artiste est engagé, des mémoires ont été déposés. Les choses sont en place pour apporter des changements structurels qui permettront d’améliorer les conditions des artistes ».
« C’est toujours une bonne idée pour savoir ce qui se passe dans la culture », indique Diane St-Pierre, prof en politiques culturelles à l’INRS. « Je ne sais pas ce qui se passe avec la pandémie. Par secteur culturel, par exemple, je pense que tous ne sont pas atteints également. Une commission, c’est fait pour écouter les milieux eux-mêmes. C’est une voie intéressante, pourvu qu’on ne prenne pas deux ans pour aboutir à un rapport. Et comme le milieu n’est pas optimiste pour une réouverture prochaine, ce serait un bon moment. »