Si loin, si proches

Dans ce contexte abracadabrant de pandémie mondiale, où il est plus difficile d’embrasser son grand-père que de converser en ligne avec un inconnu de l’autre côté de la planète, la Nuit des idées se déroule cette année entièrement en ligne, sur le thème de la proximité.
Cette initiative de l’Institut français, l’organisme chargé de l’action culturelle extérieure de ce pays, invite depuis six ans des gens de plusieurs pays à se réunir pour réfléchir ensemble par une nuit de janvier.
Cette année, des partages de la Nuit des idées sont attendus le 28 janvier, de Tokyo à Los Angeles, des îles Fidji au Pérou. À travers le monde, des visages d’artistes, de penseurs, de chercheurs apparaîtront sur les écrans pour partager un peu d’humanité. On y retrouvera des noms connus comme celui de la chanteuse et poétesse Patti Smith, de l’astronaute Thomas Pesquet et de la mairesse de San Francisco, London Breed. De Taiwan, on proposera un « guide de la vie postpandémique ». Dans le vieux fort rouge de New Delhi, on discutera de notre relation au temps et à l’espace. C’est le sociologue et philosophe allemand Hartmut Rosa qui est le porte-parole de l’événement.
Au Québec, à Montréal, Québec, Trois-Rivières, Saguenay ou Sherbrooke, c’est en ligne que l’on discutera immigration, distance, proximité, voire science-fiction, le tout diffusé à l’heure de la nuit française, soit six heures de moins chez nous. En vertu de cette proximité relative que procure Internet, les échanges outremer iront bon train.
À Montréal, la Galerie de l’UQAM, fidèle participante de l’événement, proposera trois duos en discussions sur sa page Facebook, comme sur celle du consulat de France à Québec.
« J’y suis allée sur cette question d’humanité dans la proximité, du caractère humain de l’art », dit la directrice de la galerie, Louise Déry.
C’est ainsi que conversera, sur la page de la Galerie de l’UQAM, la journaliste Rima Elkouri, dont le dernier roman évoque le génocide arménien, avec l’historienne Anouche Kunth, spécialiste du peuple arménien. « C’est une historienne très particulière, toute sa connaissance porte sur la microhistoire », dit Louise Déry.
Le deuxième duo est formé de deux commissaires, Véronique Leblanc, du Québec, et Sonia Recasens, de Paris, qui discuteront de l’approche d’un sujet d’exposition en 2021. Enfin, la commissaire Gaëtane Verna discutera avec l’artiste Kapwani Kiwanga de la relation entre le commissaire et l’artiste. Des courts métrages de Leila Zelli et d’Isabelle Kanapé seront aussi disponibles de 12 h 10 à 14 h.
À Québec, la maison de la littérature offre également sa programmation en ligne, où l’on réunira notamment les écrivains Alain Mabanckou, Michèle Ouimet et Marie-Ève Lacasse. Un entretien avec l’auteur de science-fiction Alain Damasio, organisé avec la collaboration de la librairie Les bouquinistes de Chicoutimi, évoquera les avancées technologiques. Des capsules de Naomi Fontaine et d’Anne-Marie Desmeules seront aussi disponibles.
À Sherbrooke, qui participe à l’événement pour la première fois, on rapproche art et sciences avec des panélistes de renom, notamment le scientifique en chef Rémi Quirion, le président du Conseil des arts du Canada, Simon Brault, et la directrice du Wapikoni mobile, Odile Joanette. Différentes capsules proposeront des expériences aux limites de l’art et de la science. Le tout est le fruit d’une collaboration entre le Théâtre des petites lanternes, l’Université de Sherbrooke et le centre d’artistes Sporobole.
À Trois-Rivières, la galerie R3 et le groupe URAV proposent une programmation ancrée dans l’exposition de l’artiste français Bernard Pourrière.
À Saguenay, le centre d’artistes Le LOBE propose une table ronde réunissant la professeure Marcelle Dubé, l’artiste attikamek Eruima Awashish, le philosophe Norman Baillargeon et le penseur de la décroissance Yves-Marie Abraham.
Le tout est disponible sur la chaîne YouTube de la Nuit des Idées au Canada et sur la page Facebook du consulat général de France, de 9 h 45 le 28 janvier, à 1 h du matin.
À voir en vidéo
Une version précédente de cet article, qui comportait des informations erronées sur les courts métrages qui seront rendus disponibles par la Galerie de l’UQAM, a été corrigée.