Un travailleur de la culture sur quatre a perdu son emploi en 2020

L’incidence de presque une année complète de pandémie sur le secteur culturel est maintenant lisible et visible statistiquement. L’Association canadienne des organismes artistiques (CAPACOA) a publié vendredi dernier sa lecture mensuelle des données issues de Statistique Canada, qui permet maintenant ainsi un tour complet de calendrier. « Toutes proportions gardées, le secteur des arts, du spectacle et des loisirs a perdu plus d’emplois que tout autre secteur en 2020 », peut-on lire dans le billet lancé sur le site de l’organisme, avec une baisse de 25,4 %.
Ce sont 114 400 emplois qui ont été perdus. « Étant donné que cette publication compile douze mois de données, nous sommes en mesure de publier des données à un niveau plus granulaire avec un haut degré de confiance », a précisé au Devoir le directeur, recherche et développement de la CAPACOA, Frédéric Julien. Le seul autre secteur qui a connu une perte d’une ampleur similaire est celui des services d’hébergement et de restauration, avec -22,6 %. Ces deux secteurs « sont vraiment dans une classe à part pour l’envergure des pertes subies », commente M. Julien.
Le nombre total d’heures travaillées, un indicateur très important, a diminué de 36,6 % dans le secteur des arts, du divertissement et des loisirs en 2020. Plus précisément, dans ce secteur, les compagnies d’arts d’interprétation ont vécu la baisse la plus dramatique du nombre d’heures travaillées l’an dernier, avec –60,7 %. La réalité des artistes indépendants est comptée dans une autre catégorie : ils ont vu leur nombre total d’heures travaillées chuter de 22,8 %.
Épiphénomène, le secteur de l’information et des industries culturelles fait exception, avec une augmentation de l’emploi de 7,4 % en 2020. « Cependant, cette augmentation est principalement attribuable au sous-secteur des télécommunications. Les industries culturelles ont connu une croissance plus modeste. Les industries du cinéma et de l’enregistrement sonore ont en fait reculé de 2,7 % », peut-on lire sur le site de la CAPACOA.
Expertises perdues ?
« Les données récentes quant à la participation à la population active indiquent que de nombreux travailleurs culturels ne cherchent plus de travail dans le secteur ou qu’ils ont trouvé du travail ailleurs dans l’économie », relève encore la CAPACOA. Impossible de savoir s’ils reviendront lors d’une reprise, ou si leur expertise est perdue pour les arts et la culture. « En novembre, l’enquête nationale sur l’impact dans les arts et la culture a interrogé des travailleurs individuels sur leur avenir dans le secteur artistique : 65 % des personnes interrogées prévoyaient alors de travailler dans le secteur des arts et de la culture au cours des 18 mois suivants. En contrepartie, près du tiers des travailleurs culturels étaient ambivalents ou prévoyaient tourner la page sur leur carrière dans les arts. »
Selon la CAPACOA, certains facteurs sont déterminants pour l’avenir des arts et de la culture au pays, et pour la qualité de la reprise : « la durée des restrictions de santé publique sur les activités culturelles, le niveau de soutien apporté par les gouvernements pendant cette deuxième vague et pendant la phase de reprise ainsi que la capacité des organisations dépendantes des recettes d’admission à se maintenir à flot jusqu’à ce qu’elles soient autorisées à accueillir à nouveau les amateurs d’art ».