Le Musée Louis-Hémon déménagera au coeur du village de Péribonka

Le village de Péribonka, au Lac-Saint-Jean, ne compte que quelque 500 âmes. Mais il aimerait bien en attirer davantage. C’est dans ce contexte que l’édifice du Musée Louis-Hémon de Péribonka, ainsi que le terrain de 140 acres et la bleuetière qui l’entourent, est à vendre. La Fondation du Musée Louis-Hémon espère, avec les quelque 500 000 $ que la vente générerait et avec l’aide du gouvernement provincial et de quelques commandites, déménager le musée au village, au sein d’un complexe plus vaste nommé Espace Péribonka, qui englobera aussi un nouvel hôtel de ville, une bibliothèque et une nouvelle caserne de pompiers.
La collection du musée, dont des œuvres de Pablo Picasso, de Cosgrove, de Kittie Bruneau, de Marcelle Ferron ou d’Albert Rousseau, serait alors relocalisée dans l’église de Péribonka.
C’est là que l’on compte aussi déménager la maison Samuel-Bédard, classée au patrimoine, où a vécu durant quelques mois l’écrivain français Louis Hémon, qui s’y était fait engager comme garçon de ferme.
Car Louis Hémon a beau n’être resté que quelques mois à Péribonka et même au Québec, c’est lui qui a mis le village sur la carte du monde.
Maria Chapdelaine, le roman que le village lui a inspiré en 1912, s’est vendu à des millions d’exemplaires dans le monde et a été traduit en plusieurs langues, principalement à partir de 1921, après la mort de son auteur.
L’intrigue a donné naissance à plusieurs films, dont l’un, tourné à Péribonka même en 1934, mettant en vedette Jean Gabin et Madeleine Renaud. Cette année, la nouvelle version cinématographique de Maria Chapdelaine de Sébastien Pilote, avec Hélène Florent et Sébastien Ricard, est attendue sur les écrans québécois, si la COVID-19 le permet.
Des inspirations locales
À Péribonka, on dit que le personnage de Maria Chapdelaine a été inspiré par celui d’Éva Bouchard, une institutrice du village qui ne s’est jamais mariée, et sœur cadette de Mme Bédard. C’est Éva Bouchard qui serait retournée vivre dans la maison qu’a habitée Louis Hémon et l’aurait transformée en musée. Elle n’hésitait pas d’ailleurs à signer Maria Chapdelaine, sous son propre nom, pour les visiteurs intéressés par l’anecdote.
Richard Hébert, le président du Musée Louis-Hémon, rapporte que c’est plutôt l’histoire d’Auguste Lemieux, un « coureur des bois de Mistassini […] », qui aurait inspiré à Louis Hémon le personnage de François Paradis, l’amoureux disparu de Maria Chapdelaine. Auguste Lemieux, guide de chasse et de touristes, est mort en forêt lors d’une expédition où il accompagnait deux Européens, Joseph Grasset et Gabriel Bernard, ce dernier n’ayant jamais été retrouvé. Cette histoire, Louis Hémon l’a entendue plusieurs fois alors qu’il était à Péribonka.
Reste que Louis Hémon n’a jamais pour autant fait l’unanimité dans le village de Péribonka, où plusieurs habitants étaient vexés de la façon dont l’écrivain avait décrit la population du coin, les dépeignant comme des colons sans culture. On dit même qu’un obélisque élevé en son honneur a déjà été couvert de purin et jeté à la rivière par des habitants hostiles à sa mémoire.
Mais tout cela est maintenant de l’histoire ancienne, dit Richard Hébert, qui souhaite redynamiser le musée, dont la fréquentation est en baisse, en l’installant au centre de Péribonka, plutôt que sept kilomètres plus loin, où il est présentement.
Des inquiétudes
Ce déménagement a cependant soulevé l’inquiétude de Gilbert Lévesque, qui a été conservateur du musée dans les années 1980. Dans les pages du journal Le Quotidien, M. Lévesque s’inquiétait récemment des conditions de conservation de la collection du musée dans une église.
Au ministère de la Culture et des Communications, on se fait rassurant, tant au sujet de du déménagement de la maison Samuel-Bédard qu’au sujet de la préservation de la collection du musée.
« Le ministère, grâce au centre de conservation du Québec, accompagne d’ailleurs le Musée Louis-Hémon en ce qui a trait à la mise aux normes de ses installations », dit Louis-Julien Dufresne, attaché de presse de la ministre Nathalie Roy. « Il revient à l’initiateur du projet de prendre les mesures adéquates pour assurer la préservation de l’immeuble lors de son déménagement, ajoute-t-il au sujet du déménagement de la maison Samuel-Bédard. Le ministère suit le dossier de près et l’accompagne dans sa démarche ».
Jeudi, cependant, Richard Hébert disait attendre toujours une confirmation de l’octroi de trois millions de dollars par le ministère de la Culture et des Communications pour donner suite au projet, qui totalise 13 millions de dollars.
Une version précédente de ce texte, qui situait le village de Péribonka au Saguenay, a été modifiée.
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