Balados: que les jeunes voix s’élèvent

Parole d’ados
« Mon plus grand rêve environnemental, c’est que mes enfants puissent voir de la neige », lance Mikaël, un membre du comité vert du Collège Beaubois. Ses collègues renchériront de façon animée, certains d’entre eux refusant carrément de s’imaginer parents par principe écologique. C’est une tribune à ce genre de discussions qu’offre le balado Parole d’ados à des jeunes québécois de 14 à 17 ans venant de plusieurs endroits au Québec. Y figurent notamment aussi leurs réponses sans fard sur les frictions familiales, sur l’orientation sexuelle et sur les réseaux sociaux.
Prenant l’aspect d’un « tour de table » où les réponses aux questions soulevées se succèdent tour à tour, en silo, le balado laisse une moins grande place aux rires et à la spontanéité qui habitent d’autres projets comme Teenager Therapy, ce balado américain à hauteur d’adolescents traitant des embûches qu’ils doivent surmonter. À l’animation, la comédienne Zeneb Blanchet s’exprime clairement et de manière confiante, mais certains de ses segments auraient bénéficié d’un petit travail de réécriture pour qu’elle se les approprie plus naturellement. Rien, toutefois, d’assez important pour ternir ce projet dynamique aux jeunes répondants allumés.
Lieux de paroles — Ainsi parle mon quartier
Dans une rubrique qui célèbre les jeunes voix, on s’en voudrait de ne pas vous renvoyer à un brillant segment de Lieux de paroles, un tissu de créations sonores réalisées par Marie-Laurence Rancourt et diffusées en 2017. L’épisode Ainsi parle mon quartier évite soigneusement de regarder ses sujets de haut : la créatrice y cède le micro à des adolescents de Montréal-Nord qui, prenant la posture d’intervieweurs amusés, se confient rapidement l’un à l’autre et racontent leur quotidien. Attachants, ces jeunes s’ouvrent sur leur manière de voir l’amitié, la famille, l’école, la diversité culturelle et la violence accolée à Montréal-Nord. Une chose est claire, selon eux : l’image négative de leur port d’attache s’abreuve trop du passé, il suffit d’y vivre pour voir sa richesse.
C’est une multitude de détails qui rendent le long reportage aussi vivant, des silences gênés aux tournures de phrases colorées, de l’aise que gagnent progressivement les jeunes aux éclats de rire qui percent leurs tentatives de sérieux. Si l’œuvre du cinéaste Pierre Perreault trouvait son salut dans l’oralité vernaculaire, c’est aussi la grande qualité d’Ainsi parle mon quartier, un demi-siècle plus tard.