Les Jardins de Métis cherchent à sauver leur saison

Depuis plus de 20 ans, les Jardins de Métis ont invité 200 créateurs et artistes du monde entier à concevoir une centaine de jardins contemporains alliant installations artistiques et horticulture.
Jardins de Métis Depuis plus de 20 ans, les Jardins de Métis ont invité 200 créateurs et artistes du monde entier à concevoir une centaine de jardins contemporains alliant installations artistiques et horticulture.

Apparaîtra ou apparaîtra pas ? À la veille d’une prochaine saison touristique, en format déconfinement, le directeur du Festival international de jardins, Alexander Reford, s’inquiète de ne pas pouvoir livrer la 21e édition de son événement estival qui se tient annuellement aux Jardins de Métis dans la région touristique de la Gaspésie, et ce, en raison de l’annulation de l’ensemble des festivals du Québec jusqu’à la fin août pour cause de pandémie de COVID-19.

Il appelle d’ailleurs Québec à lever rapidement l’incertitude sur son événement atypique qui présente des espaces aménagés et paysagers pour contemplation, seul ou en petit groupe, loin des rassemblements de masse proscrits par les autorités sanitaires.

« C’est un casse-tête pour nous », assure M. Reford, rencontré à deux mètres de distance cette semaine aux Jardins de Métis, qui se préparent à ouvrir leurs portes au public dès que le gouvernement aura donné son feu vert à la saison touristique 2020. Ce haut lieu régional d’histoire et d’horticulture héberge la manifestation artistique versée dans l’art des jardins. « Légalement, en raison de sa dénomination, le Festival est assujetti à la directive demandant l’annulation des festivals et événements prévus cet été. Dans ce contexte, nous ne savons pas ce qu’il va être possible de faire, mais nous devons malgré tout commencer à planifier les jardins du festival de cette année et à entretenir ceux des années précédentes. »

Nous ne savons pas ce qu’il va être possible de faire, mais nous devons malgré tout commencer à planifier les jardins du Festival

 

Depuis plus de 20 ans, les Jardins de Métis ont ainsi invité 200 créateurs et artistes du monde entier à concevoir dans ce coin du Québec, au bord du Saint-Laurent maritime, une centaine de jardins contemporains alliant installations artistiques et horticulture. Ces œuvres éphémères et saisonnières sont souvent interactives et se dévoilent aux visiteurs dans une certaine intimité, de l’intérieur.

Au total, six nouveaux jardins du genre doivent faire leur apparition cette année pour être présentés aux côtés des 19 installations issues des éditions précédentes et conservées jusqu’à aujourd’hui.

« Nous ne voulons pas être le seul festival au Québec cette année. Cela ne serait pas très bien vu, dit M. Reford. Or, le ministère du Tourisme n’a pas été généreux en termes d’information jusqu’à maintenant [sur la façon de s’adapter au temps de la COVID-19]. Et on attend toujours les directives à suivre. »

Selon lui, l’incertitude n’est pas compatible avec des jardins et des œuvres d’art utilisant les plantes vertes et les fleurs qui ont besoin de temps, de planification et d’entretien quotidien pour assurer leur croissance dans la courte période estivale qui prévaut dans cette région. « Les plantes se foutent de la COVID-19, dit le directeur du Festival et grand patron des Jardins de Métis. Il y a des temps à suivre, un patrimoine horticole à respecter, et c’est ce que nous avons décidé de faire en prenant la décision de créer malgré tout ces jardins contemporains sans savoir si nous allions pouvoir les présenter. »

Une adaptation jugée réaliste

 

Le 10 avril dernier, au cœur de la pandémie, Québec a demandé l’annulation de tous les festivals « ainsi que des événements culturels intérieurs et extérieurs prévus sur le territoire québécois pour la période allant jusqu’au 31 août 2020 ». Or, pour M. Reford, son festival pourrait facilement être présenté cette année en scénarisant différemment la fréquentation des œuvres pour l’adapter à la nouvelle réalité sanitaire. « Nous pouvons mettre en place des mesures de protection, enlever l’interactivité avec les œuvres et les offrir dans un mode plus contemplatif. » Il ajoute : « Quoi de mieux que de visiter un jardin pour se déconfiner ? Les Jardins de Métis [qu’il espère pouvoir ouvrir au public le 19 juin prochain] peuvent être une source de réconfort dans le contexte actuel. Et la beauté des jardins contemporains qui composent le Festival peut également contribuer à un peu d’apaisement. »

Joint par Le Devoir, le ministère du Tourisme n’a pas souhaité se prononcer sur la tenue de la 21e édition de ce festival en art des jardins cette année, renvoyant la balle aux autorités sanitaires qui, elles, n’ont pas répondu.

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