L’été incertain des spectacles en salle

Les salles de spectacles doivent généralement être pleines à 70%, un taux d’occupation qui peut compromettre le respect de la distanciation sociale.
Photo: Pedro Ruiz Le Devoir Les salles de spectacles doivent généralement être pleines à 70%, un taux d’occupation qui peut compromettre le respect de la distanciation sociale.

La programmation régulière des salles de spectacle n’est pas officiellement visée par la directive ministérielle interdisant la tenue de festivals et de rassemblements jusqu’au 31 août. Mais il sera vraisemblablement très complexe de la maintenir en respectant les règles de distanciation sociale pendant l’été, croient les acteurs du milieu.

Pour l’instant, ces programmations demeurent exclusivement sous le coup du décret mettant le Québec en pause jusqu’au 4 mai. Mais une part d’incertitude et d’importants défis logistiques compliquent leur tenue après cette date, croit Solange Drouin, vice-présidente aux affaires publiques et directrice générale de l’ADISQ, interrogée mercredi.

« On ne sait pas ce qui va arriver à partir du 4 mai, dit-elle. On peut comprendre que la situation est instable, on ne peut pas reprocher à quiconque de ne pas savoir ce qui se produira après. On ne sait pas de quoi l’avenir sera fait pour les spectacles. »

Chez les diffuseurs, cette situation crée une énorme confusion liée à la programmation, puisqu’il faut décider si les spectacles prévus ce printemps sont reportés cet été ou à l’automne, provoquant un effet domino et un effet inévitable de congestion en fin de compte.

Je suis en contact avec beaucoup de producteurs inquiets qui veulent savoir à quoi s’attendre, qui se demandent c’est quoi la suite

 

Par ailleurs, Mme Drouin avance que pour faire leurs frais, les salles de spectacles doivent généralement être pleines à 70 %, un taux d’occupation qui peut compromettre le respect de la distanciation sociale.

« C’est sûr qu’il y a de petites salles et qu’il y en a de plus grandes, mais quand tu achètes un billet de spectacle, tu t’attends à un produit, et l’ambiance en fait partie », a-t-elle dit.

Scénarios étudiés

 

Mme Drouin dit par ailleurs avoir des contacts réguliers avec le ministère de la Culture. « Ils travaillent très fort », dit-elle, pour tenter de dresser des scénarios pour les mois futurs.

« Quand la lumière sera verte dans notre secteur, ajoute-t-elle, on veut être prêts avec une offre intéressante. On espère que le public sera au rendez-vous ». Mais « l’automne nous fait peur », admet-elle, en vertu des prolongations des périodes de confinement qui ont été observées ailleurs dans le monde.

Du côté de RIDEAU, l’Association professionnelle des diffuseurs de spectacles, l’incertitude est particulièrement difficile à vivre. Environ le tiers des 170 membres de l’Association gèrent des salles de plus de 500 sièges.

« Je suis en contact avec beaucoup de producteurs inquiets qui veulent savoir à quoi s’attendre, qui se demandent c’est quoi la suite », dit David Laferrière, président de RIDEAU.

Lui-même est directeur général et artistique du théâtre Gilles-Vigneault, à Saint-Jérôme, qui compte une salle de 860 places.

Une salle pluridisciplinaire ne peut pas « rouvrir juste comme ça », dit-il. « De prime abord, je ne vois pas comment on pourrait vendre un billet sur deux ou sur trois, dit-il. Il y a des contrats qui sont déjà signés, des programmations qui attendent d’être annoncées. »

Comme bien des diffuseurs, David Laferrière doit se poser des questions comme « est-ce que je reporte la saison ou est-ce que je l’annule ».

« S’il y a une reprise, il faudrait qu’il y ait des dates précises, et qu’on se concerte à ce sujet », dit-il.

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