Le monde québécois du spectacle à l’affût

Le Cirque du Soleil a annoncé mardi qu’il annulait plusieurs spectacles à travers le monde.
Photo: Eduardo Verdugo Associated Press Le Cirque du Soleil a annoncé mardi qu’il annulait plusieurs spectacles à travers le monde.

Même si l’annulation ou le report de tournées et de festivals dans le monde en raison du coronavirus commencent à faire les manchettes, l’industrie québécoise du spectacle reste surtout à l’affût des développements et en profite pour se préparer à d’éventuelles conséquences. Mardi, le grand festival musical Coachella, en Californie, a choisi de déplacer ses activités de la mi-avril au mois d’octobre pour éviter la propagation du virus. Et la ville de Berlin a annoncé l’annulation de toutes les manifestations culturelles dans les grandes salles de la capitale allemande jusqu’au 19 avril.

Pearl Jam décidait aussi lundi de reporter sa tournée mondiale, tandis que Les Cowboys Fringants — et leur première partie Les Trois Accords — ont annoncé mardi que leurs dates européennes étaient repoussées à l’automne en raison d’un arrêté ministériel interdisant des concerts dans des salles de plus de 1000 personnes. De la même façon, Le Cirque du Soleil a annoncé également mardi annuler plusieurs spectacles à travers le monde en raison de la propagation de la COVID-19. Toutefois, aucun de ses spectacles présentés au Québec n’est annulé pour le moment.

Conscient que par sa raison même le monde du spectacle rassemble forcément plusieurs personnes dans un même lieu, l’association RIDEAU, qui regroupe les diffuseurs québécois, dit rester « à l’affût » même s’il « est encore beaucoup trop tôt pour s’inquiéter », aux dires de son président, David Laferrière, aussi directeur du Théâtre Gilles Vigneault à Saint-Jérôme. À la différence d’événements annulés comme SXSW, qui devait rassembler des gens de partout dans le monde, les salles de spectacle du réseau de RIDEAU sont essentiellement « des « commerces » de proximité, qui desservent une clientèle immédiate », note M. Laferrière. « Des mesures de cohabitation et d’hygiène, on en a tous déjà. On a tous des distributeurs de Purell et compagnie. Mais comme on reçoit des gens constamment, ça serait un peu absurde de ne pas se documenter, de ne pas être l’affût, mais sans panique aucune. Il faut être conscient de ce qui se passe », ajoute David Laferrière.

Dans certains cas, ce sont les municipalités [qui annulent les événements], dans d’autres cas, ce sont les promoteurs, ailleurs c’est la direction de la santé publique qui force les choses par des interdits, comme en France

Lundi soir, le Groupe CH a diffusé un communiqué pour assurer qu’« à titre de précaution », l’entreprise avait « augmenté les mesures d’hygiène et le nettoyage au Centre Bell, à la Place Bell et dans ses salles de concert [le MTelus, le Théâtre Corona, l’Astral, L’Étoile Banque Nationale et le Club DIX30]. » Le Groupe CH a aussi rappelé « aux partisans et spectateurs de suivre les bonnes mesures d’hygiène », ajoutant que davantage d’employés se consacraient au nettoyage et que plus de 200 distributeurs de désinfectant sont disponibles au Centre Bell.

Du côté du Regroupement des événements majeurs internationaux (REMI), le président-directeur général, Martin Roy, mène depuis plusieurs jours une revue de presse exhaustive de l’impact du coronavirus sur les événements culturels, tout en refusant « de contribuer ou de céder à la panique ». « J’essaie de voir selon les différentes situations qui prévalent quelles décisions sont prises et par qui, explique Martin Roy. Dans certains cas, ce sont les municipalités [qui annulent les événements], dans d’autres cas, ce sont les promoteurs, ailleurs c’est la direction de la santé publique qui force les choses par des interdits, comme en France. »

M. Roy insiste par ailleurs sur le fait que le REMI « a le “luxe” du temps, car [ses] membres ne sont pas en activité avant la deuxième moitié du mois de mai. » La saison des grands événements, membres du REMI ou pas, débute avec le Piknic électronik. S’enchaînent ensuite notamment le Tour de l’île, le Grand Prix de Formule 1 et les Francos de Montréal. « Osheaga, c’est dans cinq mois, le Festival western de Saint-Tite, c’est dans six mois, ajoute M. Roy. Comment ça va évoluer ? Est-ce que ça va se résorber ? C’est difficile à dire, mais il faut que tout le monde agisse de façon très responsable. »

Interpellé sur les réseaux sociaux par des mélomanes, le Festival d’été de Québec a répondu être « en contact avec les différentes agences et pour le moment il n’y a aucun enjeu de programmation. Le FEQ a lieu dans 5 mois, nous continuons les préparatifs comme prévu tout en surveillant la situation. »

Le p.-d.g. du REMI a par ailleurs suggéré à l’ensemble de ses membres de tester un plan de contingence, pour déterminer l’impact d’une possible annulation sur les revenus et les dépenses en fonction des ententes déjà établies. À RIDEAU, on explique que l’annulation ou le report d’un spectacle peut aussi être lourd sur le volet administratif des salles. « Il y a une grosse communication à faire, des remboursements, des dates qui ne font pas l’affaire de gens… Pour un plus petit joueur, ça peut être difficile », note David Laferrière.

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