Verdun au pays des guignols

Le Festival Marionnettes Plein la rue, qui se déroule ce week-end sur la « Well », à Verdun, est devenu un événement estival incontournable dans le paysage théâtral montréalais. Cette 9e édition affiche une soixantaine de spectacles en plein air offerts par 17 compagnies venues du Québec, de la France, de l’Italie et du Mali.
Décidément, l’arrondissement de Verdun a le vent dans les voiles. Après le fameux festival Cabane Panache et Bois rond, qui en était aussi à sa 9e présentation, l’ouverture de la plage urbaine, le premier Festival international de jazz de Montréal du site à Verdun, voici, à quelques jours de la rentrée, Marionnettes Plein la rue.
« C’est Billy Walsh, directeur général de la SDC Wellington, qui a fondé ce festival de marionnettes sur la promenade Wellington », précise Myriame Larose, directrice de la programmation, interprète au sein de différentes compagnies de théâtre et enseignante au DESS en théâtre de marionnettes contemporain de l’UQAM.
« Au lieu de servir des hot-dogs, des ballons et des babioles en tous genres, Billy rêvait d’offrir aux Verdunois un festival gratuit de marionnettes pour accompagner la grande vente trottoir de la rentrée, qui a lieu en même temps chaque année sur la Well.
On vise à offrir le plus vaste éventail possible de ce qui se fait en marionnettes modernes
La formule
Et la formule plaît. Au point que les spectacles affichent vite complet.
« Eh oui, pour des questions de sécurité, on refuse parfois des gens sur certains sites, dit Myriame Larose. Je conseille d’arriver préparé, de choisir dans le programme deux ou trois spectacles, de repérer les endroits où ils ont lieu — les parcs, les ruelles, les cours arrière, les terrasses des commerces — et de prévoir du temps pour s’y rendre. Les représentations sont dispersées sur (et autour) la Well, sur une distance de 1,5 kilomètre. »
L’épicentre du festival se situe à la sortie du métro De l’Église, à côté de la très belle église Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, haut lieu de diffusion de la culture à Verdun. Des triangles jaunes signaleront les emplacements des scènes et des marionnettes déambuleront sur la promenade Wellington et entre les rues indiquées sur le plan.
Il y a des spectacles de courte forme qui durent de quelques secondes à 45 minutes et qui affichent une jolie palette de thèmes, de techniques utilisées et de matières travaillées, un habile mélange de nouvelles technologies et de techniques plus traditionnelles.
Marionnettes à gaine, à gueule, géantes, portées, à fils, à tige, à prises directes, masques, théâtre d’objets, stop motion… « On vise à offrir le plus vaste éventail possible de ce qui se fait en marionnettes modernes », dit Myriame Larose, qui affectionne particulièrement les histoires courtes et rêve déjà, pour la dixième édition, de très, très courtes formes. « Une minute max, note-t-elle. Mais une minute percutante qui dit tout. »
La neuvième mouture réunit des troupes du Québec, mais aussi de France (CréatureS compagnie), du Mali (compagnie Nama) et d’Italie, avec comme invité Gaspare Nasuto, l’un des grands maîtres de l’art de la marionnette à gaine napolitaine.
« Nasuto est ici depuis quelques jours déjà », s’enthousiasme la directrice de la programmation. En collaboration avec Casteliers sur l’herbe, l’artiste a présenté cette semaine dans les parcs montréalais Le domaine de Pulcinella, un spectacle qu’il donnera en représentation ce week-end sur la Well. Le marionnettiste et sculpteur devrait entraîner le public dans de folles histoires mettant en scène les figures classiques de la guarattelle.
Nama et CreatureS compagnie sont aussi au Québec depuis juillet, toutes deux ayant participé au Festival international des arts de la marionnette à Saguenay (FIAMS). Les festivaliers pourront donc danser avec les marionnettes géantes maliennes, au rythme des percussions traditionnelles, ou suivre la déambulation interactive Les visiteurs, du groupe français d’experts en ufologie et en sciences parallèles de CreatureS compagnie, et ainsi découvrir une face cachée et parfois un chouia effrayante de la rue Wellington.
« On fait en sorte que les oeuvres circulent d’un festival de marionnettes à l’autre, que les artistes d’ici et d’ailleurs se rencontrent et travaillent ensemble. Pour eux, ça devient intéressant de se déplacer s’ils peuvent présenter leur pièce en divers endroits. »

Les incontournables
Selon Myriame Larose, si l’on veut s’offrir une immersion garantie dans la communauté verdunoise, le parcours Chez l’habitant, qui met sur le tapis trois spectacles dans trois cours de résidents d’une ruelle verte, est à mettre à son agenda.
Quant au théâtre d’objets Une histoire de famille, que se passe-t-il quand toute la famille se réunit autour d’un souper ? Le marionnettiste comédien Salim Hammad raconte des histoires du quotidien autour d’une bouilloire.
Aisselles et bretelles, présenté par le Théâtre CRI, s’articule autour d’un collage de textes tirés de contes de fées universels. Une courte forme qui va s’animer grâce aux éléments vestimentaires et aux accessoires portés par la comédienne-manipulatrice.
Pour le spectacle Graceland — coup de coeur du DESS 2019 —, qui met en vedette la marionnette de taille humaine à prise directe, l’histoire ne dure que quelques secondes : le temps de passer de la vie à la mort ou de retourner un vinyle. De l’autre côté, que reste-t-il de la plus grande icône du rock’n’roll ? Mystère !
« Trente festivaliers, âgés d’au moins 13 ans, prendront le départ de chaque parcours », explique Myriame Larose. Il faut arriver à l’avance pour se prémunir d’un laissez-passer à se procurer au coin de la 1re Avenue et de la rue Wellington. »
Le public pourra aussi découvrir La femme blanche de Magali Chouinard, Ti-Gus au parc de Noë Cropsal, Le castelet voyageur, des Panachés, La rébellion du minuscule du Théâtre du Renard, La guerre des arts, le show de Geneviève Thibault, Éphémère de Mylène Alberto, Les demoiselles de L’Envolée de valises…
Les festivaliers qui souhaitent découvrir des oeuvres cinématographiques créées par l’animation de marionnettes — un partenariat avec le Festival Stop Motion Montréal —, cap vers le sous-sol du stationnement étagé du Camp Éthel.
Enfin, Le jardin des petites âmes permettra aux enfants de 18 mois à 6 ans de manipuler et de faire vivre des marionnettes.
Tous les spectacles sont gratuits, à l’exception d’un spectacle intérieur, Le carré de sable, de Tenon Mortaise, qui prendra place au Quai 5160, boulevard LaSalle.