Montréal complètement cirque: le Théâtre St-Denis fait la fête

De pair avec le festival Juste pour rire, la troupe allemande Analog fait sa première apparition à Montréal complètement cirque avec un show de cabaret rock, dopé à grands renforts de musique électronique live et de riffs de guitare.
Il y a d’ailleurs plus de cabaret que de cirque dans Finale, ce spectacle hybride du groupe berlinois qui a d’abord fait ses classes dans la rue avant de monter cette création pour pouvoir s’éclater — au propre comme au figuré — en tournée sur plusieurs scènes du monde. Cette rencontre prend d’ailleurs l’allure d’une vaste fiesta entre amis, plus chargée à bloc par les décibels, que par les seules performances physiques.
La présence d’un batteur et d’une chanteuse sur scène accentue tout du long l’atmosphère de partylive et la performance un brin décousue qui fait la marque de Analog. Sur la scène, l’ambiance est résolument à la fête et les artistes, habiles meneurs de claque interpellant la foule, réussissent assez rapidement à inoculer le rythme de leur nouba aux spectateurs.
La foire, qui prend par moments des airs de party d’étudiants avec l’appel à trinquer aux shooters avalés live, zigzague entre le street dance acrobatique, le numéro clownesque porté par un émule des grands écarts de Jean-Claude Van Damme, les solos de batterie et les numéros aériens de la seule acrobate féminine (et cerceau et corde lisse).
Rempli de boîtes de cartons, et d’une profusion de spots, de lumières stroboscopiques et de projecteurs hautement hyperactifs, le plateau tient d’ailleurs davantage de la piste de danse que du décor de scène.
Inégal
La touche de la troupe berlinoise se veut résolument underground, sans réelle mise en scène, sinon l’intervention épisodique, et plus ou moins habile, de son interprète vocale, qui enrobe toutefois le tout d’une agréable voix soul. Si quelques numéros tombent carrément à plat, comme celui de la roue Cyr — presque gênant à présenter dans un festival d’envergure internationale — d’autres, aiguisés comme des couperets, sauvent la partie et réussissent à électriser l’assistance de leur énergie contagieuse. C’est notamment le cas du jongleur Bertan Cantelbeck qui méduse le public avec ses balles rebondissantes, lancées en synchronisme parfait lors d’un solo de batterie, et lors de plusieurs prestations de danse de rue.
Heureusement, la prestation s’améliore en fin de spectacle après plus d’une heure lors d’un numéro de mât chinois, d’équilibre sur main, suivis d’un numéro final survolté où les artistes voltigent à travers des cerceaux chinois, en équilibre précaire sur une pile de caisses.
Si à plusieurs moments, le déluge de musique rock, de spots et de confettis semble compenser le manque de tonus ou d’intérêt de certaines prestations, le collectif Analog parvient visiblement à chauffer la salle, à inoculer ce sens de la fête et de la spontanéité qui est le sien, jusqu’à donner l’impression au public que le Saint-Denis est sur le point de se muter en vaste piste de danse. Bref, une prestation grand public qui séduira davantage par son surplus d’adrénaline que par son originalité.