Les flâneurs


Odile Tremblay

Pionnières oubliées
Debouttes !, de Jenny Cartwright, est le premier balado original financé par Télé-Québec. On sait gré à ce documentaire sonore de ressusciter un pan occulté par les manuels d’histoire de la brève histoire du Front de libération des femmes (FLF), relié aux mouvements de gauche des années 1960 et 1970 au Québec. Collé aux récits de militantes du temps, Marjolaine Péloquin et Lise Balcer, sur des textes de Marjolaine Beauchamp avec une voix hors champ d’Elkahna Talbi, ce balado permet de suivre la manifestation de sept jeunes femmes au procès du felquiste Paul Rose. debouttes.telequebec.tv


Philippe Papineau

Mélodique percussif
Finaliste des Francouvertes en 2017, la musicienne Laurence-Anne reste une recrue sur la scène québécoise, d’où le nom de son disque, Première apparition. Sa chanson rock plutôt sombre s’abreuve à plusieurs sources. On perçoit une guitare à la Feist, un timbre vocal pas si loin de celui de Fanny Bloom ou Lydia Képinski, l’audace et l’éclectisme d’une Klô Pelgag avec un brin de vieux Karkwa ou de Fontarabie dans le nez. C’est mélodique et percussif, parfois planant et assez insaisissable. Si chaque écoute éclaire la précédente, ce disque se déguste à petit feu.


Louise-Maude Rioux Soucy

Like is the new love
Il y a un brin de Vian dans La règle de (3), cette comédie romantique surréelle que signent Mikaël Gouin et Léane Labrèche-Dor. Ils y incarnent un couple se préparant à accueillir son premier enfant après trois années d’amour sans nuages. Ils choisissent de se séparer afin d’encapsuler cet amour pour toujours. Ils s’en remettent à une firme spécialisée en ruptures, dont le décalage jouissif est incarné par un Antoine Vézina survolté. Le tout reste léger, presque aérien, tout en distillant un sous-texte complexe qui rachète quelques longueurs vénielles.


Jean-François Nadeau

Isabelle Hayeur, si près, si loin
Les nouvelles structures qui ravagent le paysage écartent-elles, chemin faisant, jusqu’aux discussions véritables à leur sujet? Dans Dépayser / Strangeland, la photographe Isabelle Hayeur s’est intéressée aux désordres de tout ordre créés par d’immenses mises en chantier. Elle a documenté, à la suite de la mise en chantier de projets de lignes électriques, les bouleversements du paysage aux quatre coins du Québec. Mais il y a là autre chose qu’un document. J’insiste: ce n’est pas un reportage; ce ne sont pas des archives. Devant les pylônes et les barrages qui poussent au mépris du paysage, Hayeur voit. Elle pose un regard. Le sien, sur des nuits que nous nous fabriquons.

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