La zone de confort de Lou Phelps à Noël dans le parc

« Rien de négatif, que du positif, que du bon feeling », résume Lou Phelps à propos de sa nouvelle vision du hip-hop. Le rappeur de Saint-Hubert qui a amorcé sa carrière au sein du duo The Celestics avec son frère Kaytranada a lancé le mois dernier 002/ Love Me, second disque de chansons rap lascives, romantiques, servies avec des pointes d’humour et sa prosodie moelleuse.
Il sera ce soir, vendredi, dans la cabane chauffée qui sert de scène à Noël dans le parc, au parc Émilie-Gamelin, pour une soirée rap « tout-étoiles » présentant aussi la révélation Fouki et les vétérans Alaclair Ensemble.
Louis-Philippe Célestin faisait déjà ses premiers pas sur la scène en 2011 à la sortie de Massively Massive, le premier projet discographique de leur duo The Celestics, suivi en 2014 par Supreme Laziness.
Or, à l’époque, faire du rap en anglais au Québec n’était pas un plan de carrière, mais plutôt une vocation ; fallait y croire dur comme fer. Les temps semblent avoir changé : aujourd’hui, Phelps complète avec Mike Shabb et Zach Zoya un trio de talents locaux ayant le marché international dans le collimateur.
« Si je regarde mes statistiques d’écoute sur Spotify, la ville où je suis le plus écouté est Londres, au Royaume-Uni. Deuxième place, Los Angeles, puis New York, puis Toronto. Montréal arrive derrière », illustre le musicien. Par la force des choses, donc, Célestin, comme ses confrères rappant en anglais, ont le marché anglo-saxon dans la ligne de mire.
Après une année 2018 « très occupée » à donner des concerts au Canada en attendant que son label, Last Gang Records, juge le moment opportun pour lancer le nouvel album, Lou Phelps prévoit ainsi de visiter les États-Unis au début de 2019, « si tout va bien, j’aurai alors reçu mon visa ! »
Avant, je faisais beaucoup ce que j’appelle du brag rap, maintenant, je parle davantage de mes sentiments, de mes relations. Des thèmes plus matures.
On devine que ses premiers concerts aux États-Unis susciteront la curiosité. Son nouvel album a déjà été bien accueilli par les médias spécialisés anglophones, qui se sont délectés de l’attitude cool du jeune MC, de l’efficacité de ses mélodies et de la qualité des collaborations — celles avec les Torontois Jahkoy et Jazz Cartier, en particulier — et des productions, l’une d’elles fournie par le collectif montréalais Planet Giza (excellente 2 Seater !), le reste signé Kaytranada.
Ce dernier vient d’ailleurs de lancer un nouveau single en solo, annonçant par la même occasion avoir signé un contrat de disques avec la maison RCA. Être le cadet d’un compositeur reconnu a ses avantages, reconnaît Lou : « C’est sûr que je suis parmi les premiers qui peuvent écouter ses nouvelles productions, se réjouit-il. J’ai accès à son [dossier numérique sur le nuage] qu’il met à la disposition de ses collaborateurs, je le vérifie tous les deux jours et y’a toujours une nouvelle surprise là-dedans ; avec lui, c’est le premier arrivé sur le beat, premier servi ! »
La manière de rapper
Le plus intéressant, c’est que le style dansant, funky, souvent très house qui a fait le succès de Kaytranada a influencé sa manière de rapper. Lou Phelps appelle ça « trouver sa zone de confort. J’ai réalisé que cette zone-là se situe dans le genre de rythmique presque house, à 110 bpm, des rythmiques qui rebondissent bien.
On dirait que ce genre de groove me force à parler d’autres choses dans mes textes. Avant, je faisais beaucoup ce que j’appelle du brag rap [du rap vantard], maintenant, je parle davantage de mes sentiments, de mes relations. Des thèmes plus matures ».
Et que souhaite-t-on à Lou Phelps pour 2019 ? « De partir en tournée, le plus longtemps possible. Que le Québec s’ouvre encore plus aux musiques urbaines, que les médias, les radios d’ici diffusent davantage de cette musique, déjà la plus populaire au monde. »
Le rappeur annonce également lancer deux nouveaux projets l’année prochaine, un EP conçu avec les producteurs Planet Giza, ainsi qu’un troisième album solo.