Compressions dans les services d’archives privées

L’Univers culturel des Sulpiciens, qui abrite des archives traitant de l’histoire de Montréal, n’a reçu aucune subvention de Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Sur cette photo, Marc Lacasse, responsable de ce service privé d’archives agréé, examine un document.
Photo: Marie-France Coallier Le Devoir L’Univers culturel des Sulpiciens, qui abrite des archives traitant de l’histoire de Montréal, n’a reçu aucune subvention de Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Sur cette photo, Marc Lacasse, responsable de ce service privé d’archives agréé, examine un document.

Les archives du Séminaire Saint-Joseph de Trois-Rivières, où dorment 900 fonds d’archives, dont 4 qui sont reconnus comme « biens historiques », ne recevront plus d’aide du gouvernement du Québec.

C’est ce que Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) a décidé au moment de rebrasser l’octroi de subventions aux centres d’archives privées pour les deux prochaines années. Comme le centre des Archives juives canadiennes Alex Dworkin, qui perd également sa subvention de BAnQ, celui du Séminaire de Trois-Rivières recevra tout au plus une « aide de transition » de 16 000 $. Le Séminaire était subventionné par BAnQ depuis l’avènement du système des agréments, en 1990, et recevait 32 000 $ par année.

« Dans son choix des services d’archives privées agréés [SAPA] financés, BAnQ favorise davantage, depuis cette année, la performance en matière d’acquisition, de traitement et de diffusion des archives privées », a indiqué en fin de journée la directrice des communications, Geneviève Rossier, pour expliquer cette décision.

Photo: Caroline Montpetit Le Devoir Le directeur du service des archives du Séminaire Saint-Joseph de Trois-Rivières, Christian Lalancette

En clair, pour le service des archives du Séminaire de Trois-Rivières, cela signifie un emploi en moins, celui de la technicienne, explique le directeur du service, Christian Lalancette, qui y travaille depuis 32 ans. « La subvention payait le salaire d’un employé », dit-il. Le service d’archives survit grâce au soutien de la Fondation des amis du Séminaire Saint-Joseph. Les archives du Séminaire de Trois-Rivières célébraient par ailleurs leur 100e anniversaire cette année.

Ces compressions pourraient aussi faire en sorte que le service d’archives ne serait désormais plus accessible que sur rendez-vous, au lieu d’être ouvert au public en tout temps. En outre, elles rendent les services d’archives touchés encore plus vulnérables à la concurrence. Au cours de la prochaine période d’allocation, les services d’archives devront de nouveau « se battre entre eux », dit M. Lalancette. Et avec un employé en moins, le service d’archives du Séminaire Saint-Joseph sera forcément « moins performant ».

« Les services d’archives reçoivent des enveloppes variant de 17 000 $ à 38 000 $», ajoute Karine Savary, présidente du Regroupement des services d’archives privées agréées du Québec. « Cela crée un fossé entre les services sur le plan de la performance. »

Par ailleurs, quatre autres services d’archives, nouvellement agréés, n’ont reçu aucune subvention de BAnQ. C’est le cas notamment de l’Univers culturel des Sulpiciens, qui abrite des archives traitant de l’histoire de Montréal, ainsi que du service d’archives des Soeurs grises, également à Montréal. Or, ces services d’archives sont bel et bien agréés, c’est-à-dire que l’on reconnaît la qualité de leurs archives et de leurs services. Mais les subventions ne suivent pas.

« Clairement, BAnQ a du mal à soutenir le secteur des archives privées au Québec. L’institution nationale a besoin de budgets supplémentaires pour pouvoir appuyer les SAPA qu’elle a, par ailleurs, elle-même, jugés aptes à mériter leur agrément », écrit Suzanne Girard, archiviste à la retraite du Séminaire Saint-Joseph de Trois-Rivières, dans une lettre adressée au Devoir.

« On ne connaît toujours pas la raison » de ce refus, dit Marc Lacasse, archiviste de l’Univers culturel des Sulpiciens. « Et cela n’augure pas très bien » pour l’avenir, ajoute-t-il. « Cela a des conséquences budgétaires sur le plan des activités », dit-il. Le service d’archives pourrait ne pas pouvoir recevoir autant de chercheurs qu’il le souhaite, ou ne pas participer à certaines expositions. « Si un service d’archives ferme, qu’est-ce qu’on fait avec les archives ? C’est l’un de nos questionnements », dit Karine Savary.

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