Le Festival du cinéma français à Cuba est maintenu malgré le refroidissement
La Havane - Le désir de ne pas sanctionner les cinéphiles cubains a décidé le réalisateur Christophe Barratier à maintenir la septième tenue du Festival du cinéma français à Cuba, malgré le refroidissement des relations entre les gouvernements des deux pays.
«En 2003, nous avions eu 110 000 spectateurs, c'est exceptionnel: en Grèce, par exemple, ils sont très motivés par le fait d'avoir enregistré 10 000 entrées, c'est pour cela que je ne voulais pas priver le public cubain de ce spectacle qu'il apprécie vraiment», a déclaré Christophe Barratier.Après la condamnation à de longues années de prison de 75 dissidents à Cuba, il y a un an, l'Union européenne a pris ses distances avec l'île, notamment en réduisant les échanges culturels.
«Je ne suis pas un homme politique mais je suis conséquent, et je crois qu'il faut être exigeant en matière de droits de l'homme, avec les pays pauvres comme avec les riches, et non pas se montrer indulgents avec ces derniers parce qu'ils sont des partenaires commerciaux potentiels», estime le réalisateur français, qui est l'un des organisateurs de ce festival créé en 1998 par l'Alliance française.
Cette septième tenue du Festival du cinéma français — du 9 avril au 30 mai — présente 15 longs métrages dans toutes les provinces du pays, notamment la première réalisation de Christophe Barratier, Les Choristes, pour la première fois sur la scène internationale.
Sorti sur les écrans français le 17 mars, le film connaît actuellement un gros succès en France, avec plus de 2,2 millions de spectateurs, et a été vendu dans 58 pays: toute l'Amérique latine, les États-Unis, le Canada, l'Asie et l'Europe.
Filmer l'enfance brisée avec tendresse et drôlerie, optimisme et idéalisme mais sans complaisance, avec la musique pour redonner un sens à la vie à des adolescents d'une maison de correction de la France de l'après-guerre, c'est le pari de Christophe Barratier dans Les Choristes.
«J'ai moi aussi été cet enfant, élevé par ma grand-mère, qui s'est accroché aux notes pour lutter contre le mal de vivre et la solitude», raconte Barratier.
Les 1500 spectateurs qui ont assisté à la première dans la salle Charles-Chaplin de la capitale cubaine, samedi soir, ont applaudi à la fin. «L'ovation m'a surpris et ému, c'est aussi pour cela que j'ai envie de satisfaire un tel public. Je laisserai des copies ici pour que le film passe dans toute l'île», a conclu Barratier.