Un manifeste pour le rayonnement des arts autochtones

Cinquante-neuf artistes autochtones et quinze organisations culturelles autochtones ont signé le manifeste pour permettre aux artistes autochtones de mieux prendre leur place sur la scène culturelle.
Photo: L’État des lieux sur la situation des arts autochtones au Québec Cinquante-neuf artistes autochtones et quinze organisations culturelles autochtones ont signé le manifeste pour permettre aux artistes autochtones de mieux prendre leur place sur la scène culturelle.

À la veille d’une redéfinition de la politique culturelle du Québec, les artistes autochtones proposent une série de mesures qui leur permettrait de mieux prendre leur place sur la scène culturelle.

Cinquante-neuf artistes autochtones et quinze organisations culturelles autochtones ont signé jeudi un manifeste, déposé par les productions théâtrales Ondinnok, qui suggère une série de mesures en ce sens. Ce document d’une quinzaine de pages est le fruit des échanges tenus lors de l’État des lieux sur la situation des arts autochtones du Québec, au mois de mai dernier.

De la création de résidences parmi les nations autochtones du Québec à l’implication financière des conseils de bande et de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), en passant par celles du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) et du mécénat autochtone, le manifeste en est un d’appel à l’action.

« Ce manifeste, lit-on, se veut une clé pour éliminer l’écart actuel entre les arts autochtones du Kébeq et ceux du reste du Kanata, mais aussi entre les arts autochtones et les arts allochtones au Kébeq même. »

Selon Yves Sioui Durand, qui a été le maître d’oeuvre de la réunion du mois de mai dernier et de la rédaction de ce manifeste, le Québec doit combler le retard accumulé au cours des dernières décennies en ce qui a trait au rayonnement des arts autochtones.

L’art, dit-il, exprime l’essence de nos cultures. « L’art ouvre au dialogue, rapproche les gens, favorise la guérison, diffuse des valeurs et des expériences, témoigne de visions du monde », lit-on dans le manifeste.

L’art autochtone mérite donc un soutien particulier à chaque palier décisionnel, au niveau des conseils de bande, de l’APNQL, au CALQ, au ministère de la Culture du Québec, comme au Conseil des arts du Canada et au gouvernement canadien.

« On est devant quelque chose d’historique, dit Yves Sioui Durand. Il y a plusieurs vecteurs extrêmement positifs pour l’avancement des arts autochtones. »

Selon lui, il faut cependant qu’il y ait « rupture » avec les façons de fonctionner du passé.

Budget du Québec

 

Au CALQ, il faut entièrement repenser et concevoir, selon lui, l’approche en matière de représentation artistique autochtone, pour que celle-ci soit inclusive. Le manifeste réclame qu’un montant de 20 millions de dollars, soit 4 millions annuellement, soit réservé immédiatement dans le budget du gouvernement du Québec pour l’avancement des arts autochtones.

Au sein même des nations autochtones, dit-il, il faut réanimer des liens et des alliances entre nations, entre Cris et Mohawks, par exemple, ou entre Hurons et Naskapis. Des résidences d’artistes autochtones parmi les nations du Québec favoriseraient selon lui cette collaboration.

Enfin, le manifeste propose la mise en place d’un réseau de mécénat autochtone, qui prendrait notamment à partie les entreprises autochtones qui prospèrent. Cet argent pourrait provenir des entreprises autochtones qui bénéficient de la construction du barrage hydroélectrique de La Romaine, par exemple, ou des redevances générées par le passage des lignes hydroélectriques dans certaines communautés.

Le manifeste demande d’ailleurs à l’APNQL de soutenir les artistes dans leur démarche de conscientisation.

L’APNQL pourrait notamment, proposent-ils, créer un prix de 50 000 $ « pour récompenser la contribution exceptionnelle ou l’engagement artistique d’une vie », en plus de reconnaître l’importance de l’art dans l’avancement social et politique des Premières Nations.

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