Le Conseil des arts de Montréal respire un peu plus

Le Conseil des arts de Montréal (CAM) vient de voir son enveloppe annuelle augmenter de 2,5 millions avec le premier budget de l’administration Plante. Si cette somme ne permet pas d’atteindre les 20 millions par année que l’organisme demande depuis plusieurs années, sa hausse à 17 millions lui permettra de déployer réellement, et autrement qu’en voeux pieux, son nouveau Plan stratégique 2018-2020. Les priorités vont au soutien des artistes de la diversité, à la bonification du programme du CAM en tournée, au développement de pratiques inclusives ainsi qu’à la création de nouveaux prix.
« C’est un pas important pour nous donner les moyens de nos ambitions », a indiqué en entrevue au Devoir le président du CAM, Jan-Fryderyk Pleszczynski. « On progresse. En chiffres absolus, ça demeure la plus grande augmentation que le CAM ait reçue depuis sa création. C’est un geste déterminé, qui nous donne la chance d’avoir un vrai impact. » La part du lion de ces nouveaux deniers, soit 2,1 millions, « s’en va directement dans les programmes, indique M. Pleszczynski. Ça va nous donner de l’air. On va faire en sorte que le déploiement de ces sommes favorise notre nouveau Plan stratégique, qui s’inscrivait dans le développement de la Politique de développement culturel de la Ville de Montréal ; les actions vont être concertées ».
Le souffle devrait, en 2018, se faire sentir du côté de l’inclusion, avec du « soutien accru à la création et aux créateurs autochtones, aux artistes issus de la diversité culturelle, aux artistes anglophones. Il y a aussi toute la question des pratiques inclusives. C’est sûr qu’il va y avoir des injections ciblées de ce côté. On parle de tout ce qui est pratique artistique pour les publics sous-représentés, de l’accessibilité aux arts et à la culture. Il y a là des initiatives qui nous étaient chères, mais pour lesquelles on n’avait pas les moyens », poursuit celui qui est également président de 4U2C, compagnie du Cirque du Soleil spécialisée en création et production vidéo.
Missions et prix
La bonification du programme du CAM tournée, qui permet à des spectacles de visiter de nombreuses maisons de la culture, permettra d’augmenter le rayonnement des artistes et des oeuvres. « Ce programme est applaudi, rappelle M. Pleszczynski, mais on était essoufflé. L’appétit était plus grand que celui qu’on pouvait satisfaire. Pour les compagnies artistiques, ça fait une grosse différence. En théâtre, par exemple, à partir du moment où un spectacle peut tourner en plusieurs lieux de Montréal, le coût de création est absorbé. En impact sur la diffusion, chaque dollar fait alors un gros bout de chemin. »
La nouvelle idée de voir des représentants de compagnies artistiques accompagner les missions diplomatiques internationales pourra aussi s’incarner. « Je ne parle pas d’artistes qui iraient à l’étranger faire des prestations pour divertir lors de soirées, mais de travail fait en amont ; de direction — générale ou artistique — qui va, avec un bâton de pèlerin, participer à des missions, à des foires, à des événements. De démarcheurs, qui vont construire des réseaux, rencontrer des diffuseurs, des collaborateurs ou coproducteurs potentiels qui peuvent aider à développer de nouveaux marchés, ailleurs, pour augmenter le public potentiel. »
Et les activités de reconnaissance du CAM, ces « prix et bourses qui sont d’autres façons de subventionner et qui ont des retombées directes », grossiront également. « Il va certainement y avoir de nouveaux prix du CAM qui seront annoncés en cours d’année », a précisé M. Pleszczynski.
Si ces 2,5 millions ne répondent pas complètement à la promesse électorale, qui annonçait tout de suite une augmentation de 5,5 millions, le CAM est ravi de cet investissement, mais reste « fixé sur son objectif de 20 millions », conclut le président.