Consultations: le ministre Fortin prêt à bonifier sa politique culturelle

« Tout est sur la table » : le ministre québécois de la Culture, Luc Fortin, a promis mercredi que son projet de politique culturelle sera modifié à partir des propositions entendues cette semaine dans le cadre des consultations publiques. Mais comment ? À voir.
« On a eu de bons échanges, il y a plusieurs propositions concrètes qui me paraissent intéressantes, a indiqué le ministre en entrevue avec Le Devoir mercredi après-midi. Tout ne va pas dans le même sens, il y a des intérêts divergents et il y aura donc un arbitrage à faire. Mais j’ai dit que si on tenait ce forum [de consultations], c’est parce que le projet n’est pas parfait. On peut toujours l’améliorer. »
Luc Fortin n’a pas voulu faire mercredi le bilan des consultations tenues en public et en ligne. Mais il a souligné être « prêt à faire des ajouts » pour « bonifier » le document initial déposé en juin, notamment pour mieux « définir des concepts ». Le Mouvement pour les arts et les lettres (MAL) a d’ailleurs fait remarquer qu’« aucune définition de la culture n’est offerte en préambule » du projet.
Les audiences organisées cette semaine visaient à aider à construire le plan d’action qui accompagnera la version définitive de la nouvelle politique culturelle du gouvernement québécois. Le dépôt de celle-ci est prévu pour l’automne. Il suivra de peu l’annonce des orientations de la nouvelle politique culturelle fédérale, attendue fin septembre.
Resserrer
Mardi et mercredi, une soixantaine de groupes de tous les horizons culturels ont soumis différentes propositions au ministre Fortin. Règle générale, les quatre grandes orientations du projet de politique culturelle ont été saluées. Mais plusieurs ont souligné des failles dans le document gouvernemental.
« Nous manquons de détails pour apprécier réellement certains des objectifs présentés dans le projet de politique », a fait valoir l’Union des municipalités du Québec. Cette dernière a tout de même bien accueilli l’orientation qui parle de « dynamiser la relation entre culture et territoire ».
« Le projet tel que présenté demeure très vague et ne livre aucun bilan préalable,a notamment dit Nicole Saint-Jean, présidente de l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL). Il aurait été pertinent de présenter un état de la culture au Québec. » Tant l’ANEL que l’Association des libraires ont déploré la faible présence du livre dans la politique.
Le Conseil québécois du théâtre s’est dit « cruellement déçu » par le projet de politique, et souhaite que la deuxième version « replace la pratique artistique professionnelle au centre de ses préoccupations. »
Le financement, point central
Vincent Guzzo, président de l’Association des propriétaires de cinémas du Québec, a pour sa part parlé d’un « document à fignoler », qui accorde une trop grande priorité au rayonnement international et qui « vise trop large ».
Sur ce dernier point, il rejoint le président de l’Observatoire du documentaire, Hugo Latulippe. « Qui trop embrasse mal étreint, a dit ce dernier. La proposition de politique nous semble comporter un risque d’éparpillement. » D’où le besoin, pour le regroupement, de « rappeler l’importance du financement direct en culture » au moyen des grandes institutions.
Comme d’autres, M. Latulippe a lancé un appel à ce que le rôle de Télé-Québec soit revu et à ce que Québec monte au créneau pour demander à Ottawa d’assujettir les fournisseurs d’accès Internet et les géants comme Apple et Netflix aux règles canadiennes qui s’appliquent aux câblodistributeurs.
Des propositions diverses, donc, mais qui revenaient aussi beaucoup autour d’un point central : le financement. « Personne ne peut être contre la vertu, soulignait mercredi en entretien téléphonique Sophie Prégent, présidente de l’Union des artistes. Mais après, ça doit se traduire en argent frais. C’est ce qui manque dans le plan actuellement. Les principes sont beaux, à part peut-être pour la question du numérique pour laquelle on reste sur notre faim. Mais il faut des chiffres. »