Graveland à Montréal: le maire est sur ses gardes

Le groupe Graveland est attendu en fin de semaine au Théâtre Plaza.
Photo: graveland.org Le groupe Graveland est attendu en fin de semaine au Théâtre Plaza.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, a dit être en désaccord avec les propos tenus dans le passé par Rob Darken, le chanteur du groupe polonais de black metal Graveland, qui est attendu ce week-end au Théâtre Plaza de la rue Saint-Hubert, dans le cadre du festival La Messe des morts. Mardi, des militants du groupe Alerta Antifascista ont dénoncé la venue à Montréal de ce groupe de musique, dont le chanteur a déjà tenu des propos antisémites. Une manifestation est d’ailleurs prévue samedi pour empêcher la tenue du spectacle.

« Il y a des limites à la liberté d’expression. Quand il y a des discours haineux, je trouve ça inacceptable », a dit le maire, s’en remettant entre autres au propriétaire du Théâtre Plaza pour défendre une position éclairée dans ce dossier. Pendant ce temps, diverses voix ont modéré la portée des propos dénoncés, alléguant entre autres que le chanteur les avait tenus il y a déjà une dizaine d’années.

Selon Mei-Ra Saint-Laurent, doctorante de l’Université Laval sur le thème du black metal québécois, la composition du groupe Graveland « a énormément changé » depuis que le chanteur a tenu ces propos et écrit des chansons à caractère antisémite.

La chercheuse admet cependant que Darken joue « sur deux tableaux », en reconnaissant avoir des idées d’extrême droite d’une part, mais en en dissociant sa musique et son groupe de l’autre. Sans appuyer les propos de Darken, la chercheuse estime cependant qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter outre mesure de la prestation du groupe polonais à Montréal. Selon elle, la provocation fait partie du « style » de la musique black metal. À ce titre, les adeptes de cette musique ont déjà utilisé le satanisme, dit-elle, puis certains se sont tournés vers le néosocialisme pour être encore « plus provocateurs ».

Plusieurs amateurs de musique black metal s’intéressent davantage à la musique qu’aux paroles, soutient-elle. Elle ajoute que le groupe de musique Graveland n’est par ailleurs pas militarisé.

De son côté, Sepulchral Productions, le producteur du festival La Messe des morts, a réagi mardi aux accusations d’Alerta Antifascista en arguant, dans un communiqué, que le festival est « uniquement une célébration musicale ». « Il n’y a jamais, et il n’y aura jamais, un aspect politique à La Messe des morts, et absolument tout le monde, peu importe son origine, est bienvenu au festival. » Au sujet de Graveland, le producteur écrit encore : « Il est vrai que le membre fondateur du groupe a tenu des propos désolants par le passé (les citations du communiqué d’Alerta Antifascista datent d’il y a presque 15 ans, la photo utilisée dans le communiqué datant, elle, de 2001) souvent plus par désir de provocation que par réelle conviction politique, mais ces propos n’ont jamais fait partie des thèmes offerts par le groupe, qui parle plutôt de paganisme et de légendes nordiques. »

Il cite le chanteur Darken, qui reconnaît avoir posé avec des membres du groupe néonazi Honor en 2001, mais qui déclare « n’avoir jamais commis d’actes qui puissent être qualifiés de politiques ». Le Théâtre Plaza n’a pas répondu aux appels du Devoir.

À voir en vidéo