Où sont tous les sites du Patrimoine mondial de l’UNESCO?

Photo: Amel Emric Associated Press Les cimetières de tombes médiévales stecci, en Bosnie-Herzégovine, Croatie, Monténégro, et Serbie, font partie des derniers ajouts à la liste de l'Unesco.
Avec les 21 nouveaux sites ajoutés la semaine dernière à la Liste du patrimoine mondial de l’humanité, l'UNESCO recense 1052 lieux d’exception répartis dans 165 pays. Le Devoir les a tous cartographiés.

Le Patrimoine mondial, c’est quoi ?

Depuis 1978, l'UNESCO consigne des biens qu’elle juge exceptionnels sous la forme d’une liste qui ne cesse de grandir.

Chaque année, le Comité du patrimoine mondial se réunit pour discuter des propositions de sites à protéger. L’ajout de ces lieux à la Liste par le Comité, à la suite de l’examen des dossiers complexes assemblés pour chacun d’eux, se fait lorsque celui-ci est convaincu de leur valeur culturelle, naturelle ou mixte pour l’ensemble de l’humanité. 

Sur la carte ci-dessous, retrouvez tous les sites enregistrés à la Liste du patrimoine mondial depuis 1978.
 
Cliquez sur les points pour en avoir une description détaillée.

Le processus de sélection est fondé sur des critères qui ont été étendus avec les années, par souci d’équité. Ceux-ci ont évolué au fil du temps et une liste finale de 10 critères, applicables à toutes les candidatures, a été établie en 2005.

L’Occident est-il surreprésenté dans le Patrimoine mondial ?

Dans les années 90, l'UNESCO a pris conscience d’un déficit de représentativité des sites à travers le monde. Une étude achevée en 1993 montre en effet que « l’Europe, les villes historiques et les monuments religieux, le christianisme, les époques historiques et l’architecture “élitiste” (par opposition à l’architecture vernaculaire) étaient surreprésentés sur la Liste du patrimoine mondial »

L’organisme a donc lancé sa « Stratégie globale pour une Liste du patrimoine mondial équilibrée, représentative et crédible ». L’objectif avoué est de « s’assurer d’une diversité culturelle et naturelle » au sein du patrimoine mondial qu’elle consigne.

Malgré cette volonté affichée, les sites restent aujourd’hui concentrés en Europe et en Amérique du Nord.


Constat d'échec

Une étude menée en 2011 à l’Université de Zurich, en Suisse, en arrive à la conclusion que « la Stratégie globale n’a pas réussi à réduire la prédominance européenne ».

Pis, selon les auteurs, la Liste du patrimoine est « encore plus déséquilibrée depuis l’introduction de la Stratégie globale ». Ceux-ci sont d’avis que ce « déséquilibre manifeste » est le reflet d’un « processus de nomination biaisé ».

L’inégalité dans la sélection des sites ne signifie pas nécessairement, toujours selon les auteurs, que les choix sont incorrects. Mais lorsque cette inégalité est aussi accrue, elle pointe vers une sélection guidée par « aspects inappropriés »

Qui doit entretenir les sites ?

La responsabilité de la conservation et la gestion des sites incombent d’abord aux États parties signataires de la convention. En revanche, l’inscription sur la Liste signifie aussi que ces biens appartiennent à l’ensemble de l’humanité, les plaçant en quelque sorte sous protection internationale.

Si la communauté internationale n’interfère pas directement dans la gestion des biens patrimoniaux, des aides financières et matérielles peuvent néanmoins être fournies à l’État partie et des suivis peuvent être réalisés par des organismes indépendants.

Critères d’admissibilité à la Liste du patrimoine mondial

(I) : Représenter un chef-d’œuvre du génie créateur humain.
(II) : Témoigner d'un échange d'influences considérable pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée, sur le développement de l'architecture ou de la technologie, des arts monumentaux, de la planification des villes ou de la création de paysages.
(III) : Apporter un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue.
(IV) : Offrir un exemple éminent d'un type de construction ou d'ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significative(s) de l'histoire humaine.
(V) : Être un exemple éminent d'établissement humain traditionnel, de l'utilisation traditionnelle du territoire ou de la mer.
(VI) : Être directement ou matériellement associé à des événements ou des traditions vivantes, des idées, des croyances ou des œuvres artistiques et littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle.
(VII) : Représenter des phénomènes naturels ou des aires d'une beauté naturelle et d'une importance esthétique exceptionnelles.
(VIII) : Être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l'histoire de la Terre.
(IX) : Être des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques en cours dans l'évolution et le développement des écosystèmes.
(X) : Contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique.
 

L'UNESCO, c’est quoi ?

Considéré comme l’organe « intellectuel » des Nations unies, l'UNESCO se donne pour mission de « construire entre les nations des réseaux » qui rendent possible une « solidarité intellectuelle et morale de l’humanité ». Mobilisation pour un accès universel à une éducation de qualité, développement de la coopération scientifique et protection de la liberté d’expression figurent parmi les moyens déployés par l’organisation pour arriver à ses fins. 

Ce à quoi il faut ajouter qu’elle cherche à favoriser « le dialogue interculturel par la protection du patrimoine et la mise en valeur de la diversité culturelle ». Et pour répondre à cet objectif de protection des « sites de valeur exceptionnelle universelle », l’organisation a inventé la notion de « Patrimoine mondial ».


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