Une alliance créative génératrice de développement durable

Ce texte fait partie du cahier spécial Arts et villes 2016
À Baie-Saint-Paul, elle aura été le théâtre des balbutiements du Cirque du Soleil et sera devenue le coeur du développement local, générant des millions de dollars en retombées économiques. À Saint-Élie-de-Caxton, elle aura été à la base d’une revitalisation économique. À Petite-Vallée, elle aura été la source d’irrigation d’un sentiment de fierté dans toute la Gaspésie. Dans bien des lieux, elle aura alimenté un goût pour le changement et la prise en charge du développement local. Pour Dominique Violette, coprésidente de Les Arts et la Ville, la culture est fondamentale dans le développement durable. « La culture, c’est vaste. Elle représente la nature humaine, la façon de l’enrichir, la mise en valeur des savoir-faire, l’appartenance, la fierté. Elle génère de la vitalité, de l’émulation, contribue à la qualité de vie et alimente une population solidaire. »
Un avis que partage Jean Fortin, maire de Baie-Saint-Paul et coprésident sortant de l’organisation. « Il y a plusieurs aspects dans le développement culturel. Ce développement crée de la fierté et alimente le sentiment d’appartenance. C’est aussi un facteur attractif important, que l’on pense aux musées, aux festivals ou aux symposiums. Mais au-delà, les artistes apportent beaucoup au développement. Ils nous projettent dans un monde différent. Quelques fois, ils nous présentent des choses qui peuvent sembler un peu folles au premier abord, mais il faut savoir les écouter. Ils nous permettent de nous voir autrement, nous sortent de notre confort, nous permettent d’aller plus loin. »
C’est sur ces prémisses que Les Arts et la Ville poursuit, depuis 29 ans, son travail. Cette organisation unique en son genre crée un point de rencontre entre le monde municipal et celui des arts, réunissant 500 municipalités et 150 organisations des arts et de la culture d’ici, mais aussi d’ailleurs. Les communautés francophones hors Québec suivent en effet de très près les travaux de l’organisation. « C’est un réseau extrêmement riche. Le colloque est une occasion de rencontres particulièrement appréciée et inspirante qui réunit autant des artistes, des artisans que des élus municipaux, qui partagent un intérêt sincère pour le développement culturel des milieux de vie. C’est unique », fait valoir Mme Violette.
La culture, part intégrante du développement durable
Pour les deux coprésidents, les arts et la culture sont indissociables du développement durable, pour lequel ils peuvent agir comme une bougie d’allumage. C’est dans cet esprit que Les Arts et la Ville a tenu, au cours des dernières années, la tournée Vitalité culturelle. À l’invitation de municipalités, l’organisation animait une journée de réflexion sur le potentiel culturel de la communauté. « La culture peut prendre une place dans tous les milieux. Il ne faut pas penser qu’il y a un Fred Pellerin dans toutes les municipalités, mais chaque municipalité a ses forces sur lesquelles elle peut s’appuyer pour se développer. Ce n’est pas toujours spectaculaire, mais cela crée toujours une effervescence », explique-t-elle. Elle peut en témoigner, elle qui a été des fondateurs du Festival international des arts de la marionnette à Saguenay, un événement qui attire aujourd’hui 140 000 spectateurs. « Les élus nous ont soutenus dès le départ. Comme acteurs culturels, on ne peut rien faire de significatif si les élus ne sont pas intéressés. »
Mais l’apport de la culture et des arts au développement va plus loin que l’attractivité touristique des événements culturels, selon M. Fortin. « De plus en plus, les entreprises réalisent que pour attirer des employés, les emplois ne suffisent pas. La vitalité culturelle du milieu, la préoccupation des élus pour établir une politique d’aménagement qui génère de la beauté, tout cela compte et joue pour beaucoup dans l’attractivité d’un territoire. » Une prise de conscience qui amène de plus en plus d’entrepreneurs à s’intéresser au développement culturel. C’est le cas à Québec, notamment, où madame Violette, aujourd’hui directrice du Carrefour international de théâtre, a été invitée à participer aux travaux de la Chambre de commerce et d’industrie, qui a formé un comité consacré au rapprochement du monde des affaires à celui de la culture.
Jean Fortin tire sa révérence
Au terme de cinq années à la coprésidence de Les Arts et la Ville, Jean Fortin a choisi de ne pas solliciter de nouveau mandat. « Ce que je retiens, c’est la grande crédibilité de Jean, qui découle, je crois, de la sincérité de son engagement à l’égard du développement culturel local et de la culture en général, signale sa coprésidente, Dominique Violette. Sa disponibilité et son investissement personnel se sont révélés incomparables dans la réalisation de plusieurs projets importants au cours de son mandat. »
Le maire de Baie-Saint-Paul, passionné de développement local et régional, est arrivé à la coprésidence avec l’objectif de faire valoir à ses collègues que la culture était essentielle partout, dans les grandes comme les petites villes. À la veille de son départ, il se dit fier du chemin parcouru, en particulier chez ses collègues élus, qui sont, selon lui, de plus en plus nombreux à considérer la culture comme un levier majeur de développement, mais se dit du même souffle inquiet pour les institutions culturelles et Les Arts et la Ville, aux prises avec des coupes budgétaires. « J’espère qu’au gouvernement, on va reconnaître l’importance de la culture dans le développement. Les artistes participent à la création d’une beauté dont nos communautés ont besoin. Il va falloir trouver les moyens de permettre aux institutions culturelles de jouer leur rôle ; c’est par là qu’on découvre nos artistes. » Des paroles qui confirment l’avis de Mme Violette sur M. Fortin : « Il est pour moi un très beau modèle de ce que je perçois comme étant nécessaire pour qu’un élu puisse accomplir les responsabilités qui lui incombent, tout en étant un leader inspirant pour sa communauté. On a besoin de gens comme ça, il nous manquera ! »
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