Procès du correspondant du «Washington Post» en Iran: verdict «d’ici une semaine»

Téhéran — Le verdict dans le procès du correspondant du Washington Post en Iran, Jason Rezaian, accusé d’« espionnage » et emprisonné depuis plus d’un an, sera rendu « d’ici une semaine », a annoncé lundi à l’AFP son avocate Leila Ahsan.

Elle a précisé qu’elle avait présenté lundi la défense du journaliste irano-américain dont c’était depuis mai la quatrième comparution à huis clos devant le tribunal révolutionnaire de Téhéran, une cour spéciale qui juge les dossiers politiques ou touchant à la sécurité nationale.

« Le verdict sera rendu et nous sera communiqué d’ici une semaine », a déclaré à l’AFP l’avocate.

Le Washington Post a qualifié ce procès de « mélange malsain de farce et de tragédie ».

L’audience de lundi a été la première à se tenir après l’accord nucléaire du 14 juillet entre l’Iran et les grandes puissances, dont les États-Unis qui ont rompu leurs relations diplomatiques avec Téhéran en 1980 après la révolution islamique de 1979.

Pour la mère de Jordan Rezaian, Mary Rezaian, présente devant le tribunal lundi, le cas de son fils « ne concerne pas ce que Jason a fait, c’est un dossier politique » qui touche « aux problèmes politiques entre les États-Unis et l’Iran ».

« Jason a la double nationalité et il paie le prix de la suspicion, de l’animosité et de la paranoïa entre les deux pays », a-t-elle affirmé.

Le verdict sera transmis à l’accusé et sa défense sans nouvelle comparution et pourra être contesté par l’accusation en appel, a précisé l’avocate.

« J’attends l’acquittement pour mon client parce qu’il est innocent, complètement innocent », a affirméMe Ahsan.

Le journaliste, âgé de 39 ans, est notamment accusé d’« espionnage », « collecte d’informations confidentielles », « collaboration avec des gouvernements hostiles » et « propagande contre le régime ».

Il encourt jusqu’à 20 ans de prison.

Incarcéré à la prison d’Evine dans le nord de Téhéran, il dément catégoriquement ces accusations, tout comme sa famille et ses proches qui affirment que son état de santé s’est dégradé en prison.

« Il est très fatigué et très isolé », a affirmé sa mère qui avait pu lui rendre visite la semaine dernière.

« Après quatre comparutions secrètes en dix semaines, le simulacre de procès de Jason Rezaian s’est achevé à Téhéran mais ce qui pourrait se passer après reste flou, même aux yeux de l’avocate de Jason », a estimé lundi dans un communiqué publié après la fin de l’audience, le rédacteur en chef du Washington Post Martin Baron. « Aucun verdict n’a été annoncé » et le tribunal « n’a donné aucune indication officielle de quand il pourrait l’être ».

Selon lui, « la seule chose claire est l’innocence de Jason ».

Jason Rezaian avait été arrêté en juillet 2014 à son domicile de Téhéran. Il était alors correspondant en Iran du Washington Post depuis deux ans.

Selon Leila Ahsan, l’annonce du verdict dans le procès de Jason Rezaian devrait être suivie — à une date non déterminée — du procès de son épouse, la journaliste Yeganeh Salehi, et d’une photographe de presse arrêtées en même temps que lui.

Yeganeh Salehi, qui était présente lundi à l’extérieur du tribunal révolutionnaire, a passé deux mois et demi en prison avant d’être remise en liberté conditionnelle.

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