Un Picasso d’au moins 35 millions saisi en Corse
Ajaccio — Un tableau de Pablo Picasso d’une valeur estimée à plus de 35 millions de dollars, considéré comme un bien culturel non exportable par les autorités espagnoles, a été saisi vendredi dernier sur un bateau en Corse, île française de la Méditerranée, a annoncé mardi à l’AFP la douane française.
Le propriétaire de l’oeuvre, le banquier espagnol Jaime Botin, tentait en vain d’obtenir l’autorisation d’exporter ce tableau, Tête de jeune fille, depuis 2012.
Une demande d’autorisation de sortie du tableau du peintre espagnol à destination de la Suisse a été déposée jeudi dernier au bureau des douanes de Bastia, ville de Corse à proximité de laquelle se trouvait le bateau, explique la douane dans un communiqué.
Les agents des douanes « se sont rendus à bord du navire transportant l’oeuvre, accosté au port de plaisance de Calvi », et ont réclamé les « documents relatifs à la situation du tableau », poursuit le texte.
« Le capitaine du navire n’a pu présenter qu’un document d’évaluation de l’oeuvre, ainsi qu’un compte-rendu de jugement rédigé en langue espagnole de mai 2015 émanant de l’Audience nationale espagnole [l’une des plus hautes juridictions du pays], confirmant qu’il s’agissait d’un trésor national espagnol qui ne pouvait en aucun cas être sorti d’Espagne », selon le communiqué.
Ce tableau, « d’une valeur estimée à plus de 25 millions d’euros [35 millions de dollars] » selon la douane, est la propriété de Jaime Botin, dont la famille a participé à la fondation de la Banque Santander en 1857, devenue le premier groupe bancaire d’Espagne.
Une première demande avait été déposée en décembre 2012 en Espagne pour sortir définitivement le tableau du territoire espagnol, pour le mettre aux enchères chez Christie’s à Londres.
Le ministère de la Culture avait rejeté la demande, déclarant ce tableau bien culturel non exportable parce qu’il « n’existe pas sur le territoire espagnol d’oeuvre similaire » de cette période de la vie du peintre, a expliqué un porte-parole du ministère.
En mai 2015, l’Audience nationale avait confirmé la décision du ministère. Elle avait rejeté les arguments de Jaime Botin, qui plaidait que le tableau se trouvant à bord du yacht Alix, battant pavillon britannique et amarré à Valence, n’était pas sur le territoire espagnol.
Les autorités françaises attendent désormais d’éventuelles demandes de l’Espagne pour récupérer l’oeuvre, mais les autorités espagnoles n’ont pas voulu communiquer sur cette affaire.