Retour aux sources de la civilisation occidentale

Kouroï (gauche) et korés (droite), statues de jeunes hommes et femmes qu'on déposait dans les temples comme offrandes aux dieux.
Photo: Caroline Bergeron Kouroï (gauche) et korés (droite), statues de jeunes hommes et femmes qu'on déposait dans les temples comme offrandes aux dieux.

Des sculptures de kouroï aux bijoux de la prêtresse Kleita en passant par les têtes d’Aristote et de Platon, l’exposition qui s’amorce ce vendredi à Pointe-à-Callière réunit de véritables trésors de l’Antiquité grecque. Les Grecs — D’Agamemnon à Alexandre le Grand couvre quelque 5000 ans d’histoire, réveillant les liens qui nous unissent encore à cette civilisation qui fut le berceau de la nôtre.

« L’exposition est un événement historique en soi, a déclaré Francine Lelièvre, directrice générale de l’institution, avant la visite destinée aux membres de la presse, jeudi. Jamais un tel corpus d’objets faisant partie du patrimoine de l’humanité n’avait voyagé jusqu’à nous en Amérique. »

L’exposition est le fruit d’un spectaculaire partenariat entre le musée montréalais, le Musée canadien de l’histoire (MCH) à Gatineau, le National Geographic Museum à Washington et le Field Museum de Chicago. Ensemble, ils réalisent ce qu’ils n’auraient pu faire de manière individuelle, grâce au prêt exceptionnel d’une vingtaine de musées grecs, dont le Musée archéologique de Thessalonique.

« L’exposition nous aide à comprendre comment certains aspects [politiques, philosophiques, esthétique] de nos vies aujourd’hui se sont constitués », a affirmé le directeur général du MCH, lors du lancement en présence des dignitaires du gouvernement grec, dont la ministre de la Culture.

« Imaginons que nous sommes invités à un banquet exceptionnel dans la Grèce antique, en présence de personnages célèbres, des gens dont on parle encore 3000, 4000 ans plus tard, a résumé Mme Lelièvre. […] C’est ce que propose notre exposition. »

Le parcours chronologique débute à l’âge du Néolithique avec des amulettes et figurines symbolisant la fertilité. On visite aussi Mycènes pour ses masques en or que l’archéologue allemand Heinrich Schliemann croyait faussement avoir appartenu à son roi Agamemnon, célébré dans l’Illiade d’Homère. L’époque archaïque se déploie notamment à travers des sculptures de kouroï et de korés, ces statues de jeunes hommes et femmes déposées dans les temples en guise d’offrandes aux dieux. Plus loin s’impose le buste de Léonidas, roi de Sparte qui a freiné l’armée gigantesque des Perses lors de la fameuse bataille du Thermopyles. Des vases d’eau ayant servi à mesurer le temps de parole dans la démocratie athénienne nous rappellent aussi d’où vient l’État civique que l’on connaît aujourd’hui.

Aura mythique

 

Les artefacts comptent de nombreux bijoux, marbres, coupes et vases, armes et armures de guerriers, dont plusieurs devenus légendaires comme Alexandre le Grand, premier roi à s’octroyer des attributs divins. « Il est devenu le personnage historique le plus mythique de cette époque », signale Jacques Perreault, professeur d’histoire et d’archéologie à l’Université de Montréal.

L’événement majeur est difficilement comparable à l’autre exposition sur les Grecs encore à l’affiche du Musée de la civilisation de Québec jusqu’en mars. Celle-ci concentre son propos sur les divinités grecques dans un espace grand ouvert et lumineux, simulant le mont Olympe.

Alors que l’exposition montréalaise nous entraîne dans un riche dédale d’alcôves, presque comme si on pénétrait dans ces temples et ces tombes excavées au cours des derniers siècles. Les maîtres de l’Olympe repose sur la riche collections d’antiquités grecques des Allemands, qui ont procédé à plusieurs travaux archéologiques notamment au XIXe siècle. Les Grecs — D’Agamemnon à Alexandre le Grand sort directement des collections hellènes.

Nouveauté pour Pointe-à-Callière, une application permet d’accompagner le visiteur, avant, pendant et après l’exposition.

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