Trois institutions s’engagent pour la biodiversité

Trois manchots dans leur habitat du Biodôme
Photo: Jacques Grenier Le Devoir Trois manchots dans leur habitat du Biodôme

L’Espace pour la vie, les Musées de la civilisation et le Muséum national d’histoire naturelle à Paris ont signé mercredi une entente plaçant la biodiversité et la diversité culturelle au coeur de leurs missions respectives. Première mondiale, l’accord se répercutera sur les façons de mener la recherche, de conserver les espèces vivantes ainsi que sur les pratiques quotidiennes des trois musées.

Cette Déclaration sur l’éthique de la biosphère, concept un brin vaporeux mais néanmoins central, vise à ce que la préservation de la biodiversité et de la diversité culturelle traverse les activités des trois institutions, notamment pour ce qui est des collections de spécimens vivants. À ce chapitre, tant l’Espace pour la vie que le Muséum national d’histoire naturelle de Paris, qui gère 12 sites dont le zoo de Vincennes et le Jardin des plantes (le plus vieux jardin zoologique au monde), s’engagent notamment à accroître la diversité des espèces en leurs murs et à ne pas collecter d’espèces vivantes dans la nature.

« Nos institutions doivent, pour les générations futures, s’engager pour la biodiversité et transmettre ses valeurs dans nos collections, dans nos façons de faire, dans nos métiers et nos recherches. Nous avons une politique très claire prohibant l’achat d’animal et de prélèvement dans la nature », a donné en exemple mercredi Thomas Grenon, directeur général du Muséum national d’histoire naturelle de Paris.

Question énergétique

 

Dans la pratique, ce parti pris, auquel adhère aussi l’Espace pour la vie, ira beaucoup plus loin, notamment pour ce qui est de la gestion quotidienne des équipements. Pour minimiser la consommation d’énergie, le Muséum reverra ses politiques liées à la conservation au frais de ses herbiers (contenant 8 millions de planches), trop énergivore. Il resserrera plutôt ses contrôles pour éviter la contamination des collections par des divers champignons. Le Biodôme, lui, réutilise déjà l’air frais généré dans l’aire antarctique pour rafraîchir le reste du bâtiment, et à l’inverse, l’air chaud de la serre tropicale pour chauffer le reste de ses infrastructures.

L’entente favorisera non seulement le partage de valeurs communes, mais aussi de savoir-faire, de contenus et de recherches, notamment pour améliorer le confort des animaux.

L’Espace pour la vie, qui amorce la reconstruction de l’Insectarium et la rénovation complète du Biodôme, affirme que cette nouvelle vision guidera tout du long la conception de ses nouveaux équipements.

Cet engagement s’est notamment traduit par la participation de groupes citoyens à l’élaboration récente du concept architectural de l’Insectarium. Des propositions audacieuses ont été mises à l’essai auprès d’usagers pour savoir jusqu’où les architectes pouvaient pousser les limites de l’exploration du monde des insectes dans le nouveau lieu.

La diversité culturelle se traduira aussi par un recours accru à des savoirs autres que scientifiques, notamment ceux des peuples autochtones, pour l’élaboration de différents contenus muséaux ou de collections.

« Cet engagement n’est pas anodin. Il vise à revoir nos façons d’intervenir sur le territoire et, pour ce qui est de l’éducation, à revoir nos pratiques pour rapprocher l’humain de la nature », a soutenu mercredi le directeur général de l’Espace pour la vie, Charles-Mathieu Brunelle.

Les Musées de la civilisation entendent aussi enrichir la collection et la conservation du patrimoine immatériel grâce à l’apport de la communauté, comme ce fut le cas pour la conception de l’exposition C’est notre histoire. « La disparition d’une langue doit nous préoccuper tout autant que celle d’une espèce, dit Michel Côté, directeur général des Musées de la civilisation. Il faut donc intégrer dans nos collections toutes les expressions de la diversité culturelle. »

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