L’église Notre-Dame- de-Fatima à nouveau menacée de démolition

La démolition guette à nouveau l’église blanche Notre-Dame-de-Fatima à Jonquière. Le député péquiste de Jonquière, Sylvain Gaudreault, déplore le manque de leadership du maire de Saguenay, Jean Tremblay, dans le dossier.
« Une résolution a été adoptée au dernier conseil de ville pour lui retirer la citation [son statut de site patrimonial municipal], regrette-t-il dans un entretien au Devoir. En lui [retirant son statut], la Ville de Saguenay peut accorder au propriétaire un permis de démolition. Je reproche à la Ville de ne pas avoir assumé son leadership là-dedans. »
Fermée au culte après la fusion de paroisses dans les années 2000, l’église à la forme évoquant un tipi amérindien a été citée par la Ville de Saguenay en 2006. Depuis, le promoteur Bernard Larouche l’a rachetée et planifiait de la reconvertir en condominiums. La complexité technique et l’explosion des coûts dus notamment à son abandon pendant des années ont eu raison du projet en 2012. Le promoteur a alors demandé un permis pour sa démolition, mais la Ville a refusé de lui retirer son statut patrimonial au printemps 2013.
Un an et demi plus tard, un nouveau verdict du comité consultatif d’urbanisme (CCU) de Saguenay est tombé : « Il est résolu d’accepter la demande visant à retirer le statut patrimonial municipal à l’ancienne église Notre-Dame-de-Fatima. » Une décision tenant compte du premier refus et des démarches « infructueuses » de la Ville qui ont suivi pour trouver une occupation au bâtiment et assurer sa restauration. Le rapport du CCU contenant cette résolution, dont Le Devoir a obtenu copie, a été adopté sans débat lors du dernier conseil municipal, le 6 octobre dernier.
Oeuvre architecturale
L’église est une oeuvre « majeure » de l’architecture québécoise des années 1960, selon une publication de Docomomo Québec, en 2012. Sa forme particulière qui évoque le tipi amérindien fait référence au passé autochtone de cette région du Québec.
La secrétaire de Docomomo Québec, Marie-Dina Salvione, qui s’intéresse particulièrement à cet édifice, parle d’un triste « échec », dit-elle au Devoir en son nom personnel, l’organisme de défense du patrimoine moderne n’ayant pas encore officiellement pris position sur les derniers développements dans le dossier. Sur sa page Facebook, toutefois, Docomomo Québec relaie le « manque d’amour » qui a eu raison de l’église, selon les mots de la professeure en études urbaines Lucie K. Morisset. L’organisme signale les autres églises de Saguenay bénéficiant d’un statut patrimonial en appelant à une plus grande vigilance que ce qu’a connu Notre-Dame-de-Fatima.