Le Québec perd un pionnier de l’art public

Nicolas Sollogoub en 2011, alors que le Musée du Château Dufresne lui consacrait une rétrospective.
Photo: Annik MH De Carufel Le Devoir Nicolas Sollogoub en 2011, alors que le Musée du Château Dufresne lui consacrait une rétrospective.

Humble artiste au service de la mémoire collective, Nicolas Sollogoub est décédé le 11 juillet dernier à Montréalà l’âge de 88 ans. On lui doitentre autres la verrière de la station de métro McGill et les vitraux dédiés à Samuel de Champlain à l’église Saint-Paul et Saint-Pierre de Brouage, en France. Passionné par l’histoire québécoise, ce pionnier de l’art public a toujours su marier avec brio design et patrimoine. C’est d’ailleurs lui qui a piloté la restauration du Château Dufresne au milieu des années 1970.

 

Le Musée Pointe-à-Callière a confirmé vendredi qu’il devrait exposer cet automne une verrière panoramique de l’artiste illustrant la Grande Paix de Montréal.

 

Né en 1925 à Soissons, en France, M. Sollogoub émigre à Montréal en 1951 où il pratique rapidement comme peintre-décorateur pour le théâtre et le cinéma. Dans les années 1960, il commence à travailler pour Radio-Canada où il devient l’assistant de Frédéric Back. Durant les années suivantes, il invente le procédé de la publicité cinétique, installée le long des tunnels du métro de Montréal. L’invention doit être peaufinée, mais sera finalement abandonnée.

 

En 1969, il entreprend la réalisation de la verrière panoramique de la station de métro McGill, commandée par le mécène David Macdonald Stewart, illustrant la vie montréalaise du XIXe siècle. Il met cinq ans à la conception de cette fresque grandiose inaugurée le 10 décembre 1974. L’oeuvre est temporairement retirée depuis2012 afin d’être restaurée.

 

Le philanthrope a aussi confié à M. Sollogoub la restauration du Château Dufresne, sauvé in extremis après avoir été menacé de destruction lors de la construction du Parc olympique. Aidé par des collègues de Radio-Canada, il mène à bien sa restauration entre 1976 et 1977 en y sacrifiant ses soirs et ses fins de semaine. Lors d’une entrevue accordée au Devoir dans le Château Dufresne en 2011, il avait raconté cet épisode en émettant un avertissement : « L’histoire est une chose très fragile. Du jour au lendemain elle peut être démolie. […] On oublie parfois que l’histoire a besoin de repères. » M. Stewart a une fois de plus approché M. Sollogoub au début des années 1980 pour réaliser des vitraux à la mémoire de Samuel de Champlain pour revitaliser l’église Saint-Paul et Saint-Pierre de Brouage, en France, située dans la ville où serait né le père de la Nouvelle-France. Il conçoit six des colorées fenêtres entre 1982 et 2006, en s’inspirant essentiellement des esquisses laissées par le célèbre explorateur.

 

En 2011, alors que le Musée du Château Dufresne lui consacrait une rétrospective, l’artiste avait confié au Devoir : « Ça ne m’intéresse pas de faire quelque chose devant lequel on crie : “ Que c’est beau ! ” Je travaille pour l’histoire. Et quand on travaille pour l’histoire, il faut avoir un peu d’humilité, parce qu’on ne fait que transmettre ce qui a été pensé avant. » M. Sollogoub a aussi exposé de nombreux vitraux tridimensionnels au cours de sa carrière.

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