Coupes au FFM: la Ville de Montréal s’explique
Depuis que Le Devoir a dévoilé dans son édition du 5 juin que les principaux bailleurs de fonds de Festival des films du monde avaient retiré leurs billes pour l’édition d’août-septembre 2014, les institutions, la SODEC, Téléfilm Canada, et le service de la culture à la Ville de Montréal, étaient avares de commentaires.
Vendredi, Manon Gauthier, responsable de la culture à la ville de Montréal, confirmait la coupe en apportant quelque lumière sur ces décisions.
« Un constat a été effectué par les principaux bailleurs de fonds,
explique-t-elle. Il est temps de faire preuve de courage et de responsabilité face à nos contribuables. Un changement de culture s’opère et aujourd’hui, la rigueur est de mise. Une décision inévitable mais difficile a été prise de ne pas financer le Festival des films du monde cette année. Il y a eu dialogue entre les institutions. On a besoin de se concerter dans le milieu. Le fonds des créances impayées était devenu tel que les contributions publiques d’une année auraient servi en partie à éponger les dettes des éditions précédentes. Notre investissement était à risque. On avait demandé après de nombreuses discussions un plan de redressement ; des conditions qui n’ont pas été honorées. Nous avons donné la chance au coureur. Mais rien n’indiquait que l’avenir du festival était assuré. On est là pour soutenir les créateurs, pas les créanciers. »
Manon Gauthier constate avec d’autres qu’il y a un problème d’essoufflement général, de relève à la direction du FFM. « Par-delà les déboires financiers, il faut se poser une question : quelle est la place de ce festival ? Son président, Serge Losique, a fait beaucoup pour le milieu, mais il ne peut nous démontrer qu’il possède une vision à long terme. Il a assuré qu’il irait de l’avant quand même pour sa prochaine édition. Il fait face à l’oeuvre d’une vie. Sa résilience et son acharnement l’ont emmené là où il est. On reconnaît sa contribution au cinéma. »
Il n’y a pas de plan des institutions pour créer un autre festival de films, comme ce fut le cas en 2004. « On se demande : que voulons-nous mettre en valeur cinématographiquement ? conclut Manon Gauthier. On a des festivals de niche qui font rayonner Montréal. Mais avons-nous besoin d’un grand festival généraliste ? Une réflexion collective s’impose. Je souhaite que le milieu du cinéma se mobilise pour nous aider à dessiner l’avenir. »