Trois-Pistoles - L’Échofête remporte son pari
Malgré les embûches politiques et financières qui se sont présentées au fil des ans, le Festival Échofête entame ce mercredi sa 11e édition à Trois-Pistoles. L’événement se veut un exemple de développement économique régional durable, qui associe la sensibilisation environnementale au plaisir de la culture, tout cela sur les rives du Saint-Laurent.
« Des jeunes qui lancent un festival “vert” dans un milieu aussi conservateur, c’était tout un défi. Au départ, certains nous appuyaient, mais plusieurs rêvaient seulement de nous voir tomber. C’était l’affrontement de deux visions du développement économique régional », se souvient Mikaël Rioux, militant écologiste et cofondateur du festival qui se poursuit jusqu’à dimanche.
Deux visions, en effet, puisque les instigateurs de l’événement s’étaient illustrés en 2002 en contestant un projet de centrale hydroélectrique qui aurait défiguré la rivière Trois-Pistoles. Ils ont finalement eu gain de cause, malgré la pression du lobby d’affaires de la région, favorable au projet.
Mais les fondateurs de l’Échofête ne voulaient pas seulement protester contre un barrage. Ils voulaient aussi proposer une autre façon de concevoir l’avenir de leur région. « On a décidé de lancer un événement qui serait en lien avec nos valeurs et qui présenterait une autre vision du développement économique régional. » Le comité qui coordonne l’événement se fixe par exemple un objectif de productionde déchets « zéro ». Il s’est aussi donné des règles d’éthique très strictes en matière de commanditaires. Pas question de voir des affiches criardes de Budweiser ou alors de laisser Loto-Québec faire la promotion du jeu sur le site.
Une décennie plus tard, le festival est demeuré fidèle à l’esprit du départ, tout en générant dix fois plus de retombées économiques que ce que promettaient les promoteurs du barrage en 2002. « Tout cela sans nuire à l’environnement, en stimulant l’économie et en faisant rayonner la région, insiste Mikaël Rioux. D’ailleurs, il y a plusieurs jeunes qui sont venus s’installer dans la région au cours des dernières années. Il y a aussi un effet réel de sensibilisation et d’éducation. »
Chaque année, la programmation est en fait un amalgame de conférences, d’activités familiales, de contact avec la nature, de mise en valeur du travail d’artistes régionaux et de spectacles pour animer les soirées. Au fil des ans, plusieurs enjeux québécois ont ainsi trouvé écho dans le programme de l’événement, dont la question de l’exploitation du pétrole.
Si les organisateurs peinent parfois à obtenir la collaboration des autorités de la région, le festival a reçu plusieurs prix au fil des ans, dont un Phénix de l’environnement. « On ne veut pas devenir un festival qui attire plus de 100 000 personnes. On veut un événement qui soit intelligent, c’est-à-dire qui respecte les valeurs environnementales et sociales qu’il s’est données. Et on veut se démarquer par l’accueil des gens, qui sont d’ailleurs nombreux à revenir année après année », résume Karine Vincent, de l’organisation de l’Échofête.