L’homme de Calder restera sur l’île Sainte-Hélène

L’homme de Calder, sculpture créée à l’occasion de l’Exposition universelle de 1967, a été l’objet d’une motion à l’Hôtel de Ville de Montréal pour sa mise en valeur sur son lieu d’origine.
Photo: Pedro Ruiz - Le Devoir L’homme de Calder, sculpture créée à l’occasion de l’Exposition universelle de 1967, a été l’objet d’une motion à l’Hôtel de Ville de Montréal pour sa mise en valeur sur son lieu d’origine.

Après avoir provoqué beaucoup de remous depuis son discret poste au milieu du fleuve, L’homme de Calder restera finalement sur l’île Sainte-Hélène, là où il a été érigé il y a près de 50 ans, ont tranché les élus municipaux.

Dans un vote quasi unanime - une seule voix contre -, le Conseil municipal a approuvé mardi soir une motion de Projet Montréal proposant que la mise en valeur de la statue iconique se fasse sur son lieu d’origine.


Les élus ont confié à la Société du parc Jean-Drapeau le mandat de veiller à revaloriser l’oeuvre phare de l’Expo 67, sans toutefois voter aucun budget pour ce faire. Il s’agit d’une victoire pour ceux qui, depuis quelques mois, s’étaient ligués contre le déménagement de la sculpture en plein coeur de Montréal, jugeant que l’oeuvre ne pouvait être extraite ni du lieu ni de l’esprit dans lesquels elle avait été créée aux beaux jours de l’Exposition universelle de 1967.


Depuis 2007, plusieurs personnalités dont Charles Lapointe, président de Tourisme Montréal, et plus récemment, Alexandre Taillefer, président du Comité-conseil pour le développement et la promotion de l’art public (CCDPAP), ont proposé de déplacer l’oeuvre de calibre international pour lui donner plus de visibilité et en faire un symbole pour Montréal.


Mais mercredi, Alexandre Taillefer s’est dit outré des « tractations politiques » réalisées pour obtenir à tout prix ce vote qui, à toutes fins utiles, muselle le comité-conseil en art public, composé d’experts en art.


« Je trouve ça extrêmement dommage que certaines personnes se fassent du “capital politique” en muselant des gens de la société civile qui s’apprêtaient à faire des recommandations sur la base d’études sérieuses. C’est d’autant plus triste que l’on conclue le débat sans même faire de propositions claires pour mettre en valeur le Calder ou voter des budgets, a-t-il dit, déplorant que le conseil n’ait daigné attendre la décision du CCDPAP. Cette décision est hâtive. On dit aux gens “arrêtez de réfléchir”. Pour la démocratie, je trouve ça extrêmement dommageable. »


Volte-face ?


Ménageant la chèvre et le chou, Élaine Ayotte, responsable de la culture au comité exécutif et élue de Vision Montréal, qui a soutenu et amendé la motion de Projet Montréal, a eu du mal à expliquer sa propre volte-face, elle qui s’était prononcée pour le déménagement il y a quelques mois. « Ce sur quoi on s’est entendu, c’est sur la mise en valeur immédiate du Calder, ce n’est pas de clore le débat, ou de ne jamais le déménager. On ne peut empêcher les gens de débattre. Ce que je retiens de ce débat, c’est que les gens veulent mieux voir et apprécier le Calder », a-t-elle dit.


À son avis, la mise en valeur du Calder pourrait passer par la mise en place de navettes ou de rappels au centre-ville de Montréal.


En plus de la motion, une déclaration sur l’art public votée à l’unanimité invite à mots couverts le comité-conseil en art public à lâcher la serviette et à orienter « son travail prioritairement sur le développement du mécénat et l’acquisition de nouvelles oeuvres d’art public d’artistes de renommée internationale ».


L’artisan de la motion de Projet Montréal, François Croteau, maire de l’arrondissement de Rosemont -La Petite-Patrie, a clairement indiqué que la motion avait été présentée pour contrecarrer les déclarations de M. Taillefer pour le déplacement de l’oeuvre. « Il est clair que les élus dirigent et nous avons cru bon de préciser le mandat de ce comité, qui doit d’abord veiller à trouver des fonds privés pour acquérir de nouvelles oeuvres d’artistes de renommée internationale, dit-il. Je ne vois aucun geste antidémocratique là-dedans. »


La motion adoptée vient aussi rappeler que la Ville s’est dotée en 2007 d’un règlement protégeant le patrimoine de l’île Sainte-Hélène, qui prévoit le maintien sur leur site de toutes les oeuvres d’art public déjà en place.

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