Paris rend sept tableaux volés à deux familles juives par les nazis
Paris — La France s’apprête à rendre à deux familles juives sept tableaux volés lors de la Seconde Guerre mondiale et conservés dans des musées, a indiqué le ministère français de la Culture, précisant que les dossiers étaient bouclés et qu’il restait à fixer une date.
Ces tableaux font partie de quelque 2000 oeuvres sans propriétaire identifié, dotées du statut de MNR (Musées nationaux récupération) depuis 1949. Sous la garde de l’État, elles sont conservées dans les musées français qui doivent les signaler et les montrer au public, en attendant leur réclamation.
Six toiles de peintres italiens et allemands du XVIIIe siècle qui appartenaient à un industriel autrichien de Vienne, Richard Neumann, seront prochainement rendues à son petit-fils octogénaire, Tom Selldorff, a déclaré à l’AFP le ministère, confirmant une information du quotidien Le Monde. Les nazis avaient récupéré ces oeuvres pour les envoyer au musée qu’Adolf Hitler voulait ouvrir à Linz, sa ville natale autrichienne.
M. Neumann avait fui l’Autriche avec sa famille en 1938, lors de l’annexion par l’Allemagne, emportant à Paris une partie de sa collection de tableaux. Il avait dû les brader en 1941 pour pouvoir payer des passeurs et gagner Cuba.
Il s’agit de Allégorie de Venise de Gaspare Diziani (1689-1767), actuellement au Musée des beaux-arts d’Agen, un Saint-François de Salvator Francesco Fontebasso (1709-1769), un Portrait de Bartolomeo Ferracina signé Alessandro Longhi (1733-1813) et Le miracle de saint Eloi de Gaetano Gandolfi (1734-1802), tous conservés au Louvre.
Un autre tableau est déposé au Musée d’art moderne de Saint-Étienne, Abraham et les anges de Sebastiano Ricci (1659-1734), et Apothéose de saint Jean Népomucène, de l’Allemand François-Charles Palko (1724-1770) est au Musée des beaux-arts de Tours.
Le septième tableau, La halte de Pieter-Jansz van Asch, confisqué par les nazis à un banquier praguois Josef Wiener, mort en déportation, a une histoire différente, selon Le Monde. Le fils de son épouse, issu d’un nouveau mariage, a pu le retrouver après des recherches sur les filières. À la fin de la guerre, les Alliés ont renvoyé dans leur pays d’origine les oeuvres spoliées par les nazis récupérés en Allemagne, faisant parfois des erreurs. Ce fut le cas pour la toile de van Asch, qui s’est retrouvée en France.
La France rend « en moyenne une oeuvre par an depuis dix ans », a indiqué à l’AFP la directrice des Musées de France, Marie-Christine Labourdette.