Les 50 ans de la Délégation du Québec à Paris - Le Québec prend... la Bastille!
Paris — Le 21 juin prochain, des Québécois investiront la place de la Bastille à Paris. Ce ne sera pas pour manifester, comme on le fait généralement sur cette place symbolique, mais pour un grand spectacle extérieur dans le cadre de la Fête de la musique, qui rassemble chaque année des milliers d'artistes aux quatre coins de la France. L'événement se veut le clou des festivités du 50e anniversaire de la création de la Délégation générale du Québec à Paris.
La programmation des célébrations a été annoncée hier à la Délégation générale devant plus d'une centaine de personnes. Le spectacle, où l'on attend plus de 80 000 spectateurs, sera animé par la populaire animatrice de Radio-Canada Monique Giroux. Il rassemblera des artistes de la relève et d'autres plus confirmés. Les Québécois Pierre Lapointe, Ariane Moffatt, Yann Perreau, Alfa Rococo et le groupe Karkwa se joindront au Français Robin Leduc. Ce sont tous des artistes qui chantent en français, a tenu à préciser Monique Giroux, qui a posé cette condition avant d'accepter d'animer le spectacle.Le Québec sera à l'honneur tout au long de l'année en France afin de rappeler que c'est le 4 octobre 1961 que le premier ministre québécois Jean Lesage et le ministre français de la Culture André Malraux inaugurèrent la première représentation du Québec moderne à l'étranger. Et la seule qui ait, à ce jour, un statut diplomatique. Ainsi, un grand colloque aura lieu le 4 octobre afin de faire le point sur le passé et l'avenir de la coopération France-Québec. Le Sénat français accueillera aussi des représentants québécois pour dresser un bilan des échanges de jeunes entre les deux pays.
Coïncidence, cette année marque aussi le 60e anniversaire du triomphe de Félix Leclerc au cabaret Les Trois Baudets. Venu pour deux semaines seulement, il demeura trois ans en France. «Et il y est toujours, je l'ai vu à la FNAC!» dit Monique Giroux. À cette occasion, les Français seront appelés à voter, parmi une cinquantaine de chansons québécoises, pour celle qui les a le plus marqués.
Le Québec sera aussi l'invité du nouveau Musée des arts numériques situé dans les anciennes Gaîtés lyriques, à Paris. Québec numérique 2011 offrira plusieurs créations rassemblant une vingtaine d'artistes québécois, dont Herman Kolgen et Rafael Lozano-Hemmer. La photographie de la Québécoise Geneviève Cadieux, La Voie lactée, qui trône sur le Musée d'art contemporain de Montréal, sera reproduite à la station de métro de la Gare Saint-Lazare, à Paris.
La ville de Paris profitera de cet anniversaire pour restaurer la place du Québec, au coeur de Saint-Germain-des-Prés, dont la très belle sculpture de Charles Daudelin qui s'intitule L'Embâcle. La mise en scène d'Agamemnon, de Sénèque, par Denis Marleau à la Comédie française fait aussi partie du calendrier des événements.
Selon le délégué général du Québec, Michel Robitaille, l'ensemble de cette programmation coûtera 900 000 euros (1 250 000 $CAN). À l'exception de 125 000 euros de commandites, il s'agit pour l'essentiel de budgets déjà prévus par une quarantaine de ministères et d'organismes différents et qui ont simplement été réunis.
Après une période d'effacement, la Délégation générale du Québec à Paris veut-elle occuper un plus grand espace culturel et politique? «Il faut toujours rappeler qu'on est là, répond le délégué Michel Robitaille. Nous voulons profiter de ce 50e anniversaire pour avoir une visibilité accrue.»
Mais cette année anniversaire pourrait aussi être marquée par la disparition de la bibliothèque Gaston-Miron, dont le sort des 17 000 ouvrages logés dans les bureaux de la délégation est en suspens depuis que l'institution n'a plus de bibliothécaire attitré. «La bibliothèque Gaston-Miron ne fermera pas, affirme le délégué. Sans vouloir en dire plus, il se montre même confiant. Je veux la mettre en valeur. C'est un dossier prioritaire. Peut-être qu'avant la fin du 50e anniversaire, elle pourra être aménagée dans un endroit beaucoup plus propice où elle pourra être plus fréquentée.»
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Correspondant du Devoir à Paris