Hubert Aquin et Saint-Thomas, un même homme?

Des littéraires français qui confondent Hubert Aquin et Saint-Thomas? Le respectable blogue littéraire La république des livres, hébergé par Le Monde et mené par le non moins respectable journaliste et auteur Pierre Assouline, et le réseau social français Babelio, dédié aux livres et lecteurs, ont fait l'erreur.

Tout part d'une enquête Babelio, qui identifie les auteurs dont les noms ont été donnés, en France, à des écoles. En tête de liste, Jacques Prévert. Pas moins de 332 établissements, écoles, collèges et lycées ont emprunté le patronyme du poète, coiffant au poteau Saint-Exupéry et Victor Hugo. «Beaucoup de classiques, comme de juste, affichait mardi Pierre Assouline sur son blogue. Des surprises: le Québécois Hubert Aquin (19) devant Chateaubriand (16), ce qui est pour le moins bizarre.»

Autant de succès en France pour un auteur québécois sans qu'on ne s'en soit rendu compte ici, vrai que ç'aurait été bizarre. Et vrai qu'ici, on aurait été penaud de savoir que 19 établissements français rendent hommage à notre Aquin national — plus d'écoles à son nom qu'Edmond Rostand ou Gustave Flaubert! — alors qu'ici, on ne lui accorde qu'un pavillon de l'UQAM et sept rues, et pas des plus importantes, parsemées à travers la Belle Province.

Aurait-on ici sous-estimé Trou de mémoire, L'Antiphonaire et Prochain épisode (tous à Bibliothèque québécoise)? Est-ce qu'on oublierait l'auteur et éditeur parce qu'il s'est ôté la vie en 1977?

On n'aura pas à être embarrassé: en vérifiant à la source, sur le site Babelio, tous les établissements censés s'appeler Hubert Aquin se nomment plutôt... Saint-Thomas-d'Aquin.

Pas d'écoles Hubert Aquin en France, donc. Mais des littéraires français qui confondent un théologicien dominicain du XIIe siècle et l'auteur de Trou de mémoire. Dommage? «La vérité, disait notre Aquin à nous, dépasse peut-être la fiction en cela qu'elle est infiniment plus décevante.»

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Le blogue de Pierre Assouline

Le site de Babelio


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